samedi 17 septembre 2011

Facture consistante pour assiette à moitié pleine

Jean-Luc Boulay, chef du Saint-Amour
J'ai tenté de déterminer au cours des dernières semaines la teneur du sujet qui me ferait renouer avec ce blogue, laissé en friche depuis le 3 avril... Ce matin, j'ai le goût d'y revenir et j'hésite : resto ou cinoche? Je choisis la bouffe!

Gastronomie et bistro : le nouveau couple princier

Le chef et co-propriétaire du restaurant gastronomique Le Saint-Amour, de Québec, inspire ce billet. En entrevue le 17 septembre avec Catherine Lachaussée à l'émission Samedi de prendre le temps, Jean-Luc Boulay a notamment évoqué la tendance des bistros gastronomiques, thème au coeur du défi, justement, de la finale de l'émission Les chefs à laquelle M. Boulay prenait part comme juge. Le plus costaud des 3, c'est ça!

Devinez quoi? On apprend dans cette captivante entrevue que le spécialiste du foie gras planifie justement l'ouverture d'un tel bistro chic dans le Vieux-Québec le 3 janvier 2012. Il imitera ainsi son collègue des Chefs, Normand Laprise, qui sustente déjà avec sa Brasserie t! les amateurs du genre de passage dans le quartier montréalais des spectacles, en plus de combler les gastronomes puristes -et en moyen!- au Restaurant Toqué!.

Le Bistro B
À Québec, l'ex-chef du Panache, François Blais, vient d'ouvrir son bistrot gastronomique sur la rue Cartier, le Bistro B. Le menu y change à tous les jours paraît-il... Les propriétaires du Toast!, l'une des tables les plus réputées de la capitale, ont quand à eux investi dans le Simple Snack Sympathique, qui, sans nécessairement se définir comme un bistrot, propose sur la rue Saint-Paul des plats recherchés et soigneusement travaillés à prix moindre que chez le grand frère: "crab cake", tartares, pièces de viande, pétoncles.

Les restos: plaisir coupable... et assumé

Je ne suis pas un spécialiste de la restauration.

Je me suis par contre découvert au cours des dernières années une passion pour les restos. J'aime les essayer, les évaluer, les critiquer. J'ai mes préférés, mais j'y retourne rarement... quoique Je salive plutôt à l'idée d'en essayer de nouveaux.

Ce n'est pas que je sois un goûteur émérite. Je dirais que, de mes 5 sens, le cancre, c'est le goût. Celui que je gagnerais à développer.

En salle à manger, je me plais par contre énormément à décortiquer le décor, les accessoires, l'ambiance, la musique, le service, la présentation des assiettes, l'originalité du menu, le goût général et à chercher ce je ne sais quoi de plus dans l'assiette bacon-oeufs miroirs-toasts beurrés par exemple.

J'aime...

  • l'éclairage orangé qui baigne d'une lumière chaleureuse le bar du Hobbit
  • les accessoires d'école de rang et les photos jaunies du Bonnet d'âne
  • les cigarettes Popeye et les bédés d'Astérix à l'entrée de Chez Victor
  • les salières-poivrières sophistiquées en forme de bloc du resto de l'Hôtel Pure
  • la mosaïque sur les tables du Sacrilège
  • le look chalet d'après-ski de luxe du Panache
  • les projections multimédia du Cercle
  • l'ambiance de café européen de Chez Bügel. 


Mais je me régale aussi bien sûr du burger Méditerranéen de Chez Victor, des plats de poisson nappés de légumes multicolores du Hobbit, de la baguette Victor Hugo du Bonnet d'âne, de la salade niçoise du Temps perdu ou de l'Entrecôte Saint-Jean, de la pizza au saumon fumé du Grand Café.

(Vous me pardonnerez ma paresse: je n'ai pas eu le courage de chercher les hyperliens de toutes ces adresses...)

Le moitié plein qui coûte cher

Le Cercle
S'il y a quelque chose que je n'apprécie pas des restos, par contre, c'est de payer cher pour un nom, un design, un personnel un peu plus sophistiqué et pour... des assiettes à moitié pleine.

Un jeudi soir au Cercle, je suis affamé, il est 20h30, j'opte pour le poisson du jour que nous a vendu avec des mots gourmands l'excellente serveuse. Résultat? Une assiette un peu fade, résolument blanche et surtout, un petit tas de poisson.

Au SSS, une semaine plus tard: un ami commande des pâtes et doit se contenter de 2 ou 3 linguinis -je caricature...- , nos entrées sont minuscules, le dessert devient indispensable pour éteindre les supplications de notre estomac, nous qui nous sommes pourtant gavés de pain dès le début du repas. Et je ne parle pas du vin dont les coûts dépassent évidemment largement ceux des mêmes bouteilles vendues à la SAQ. Je suis à moitié satisfait et franchement en rogne par le coût élevé de ma facture pour un repas qui n'en était même pas un de fête particulière, sinon de célébrer le plaisir constant que j'ai à côtoyer mes amis.

J'ai vécu la même chose au Il Theatro du Capitole en juin, lors d'un souper tardif, là où on dîne pourtant à un prix extrêmement raisonnable: les pâtes, la viande, les desserts, tout y est savoureux, mais le soir, on passe les portions dans le tordeur!


Le bistro : un choix d'affaires

La Brasserie t!
J'ai compris en écoutant Jean-Luc Boulay que le bistrot gastronomique n'est pas qu'une tendance inventée par un chef ou un critique en quête d'une expression à la mode. Les restaurants gastronomiques ne sont pas rentables, affirme le co-propriétaire du Saint-Amour. Les ingrédients de plus en plus raffinés qui servent de matières premières aux artistes de la cuisine, la vaisselle, les nappes, ça coûte cher. Les bistros gastronomiques seraient plus payants. Moi, je commence à songer à les éviter...

On mange très bien au Cercle et au SSS. Ce ne sont pas toutes les assiettes qui sont faméliques. Je ne réclame pas de me rouler par terre en sortant d'un resto, loin de là: la trentaine ne me permet plus d'ingérer jusqu'à plus soif du gras, du beurre et du sucre! Mais je ne veux plus avoir faim en quittant une "bonne table". "L'expérience" de déguster un verre de vin blanc au son d'une musique lounge sous un luminaire aux formes aussi étranges que fascinantes ne me rassasie pas totalement... même si une diététiste me dirait sans doute que je devrais songer à m'en contenter!

Pendant que mon crab cake ne fait même pas le poids d'un cup cake, des restos comme le Bonnêt d'âne et le Hobbit -bon, il commence à nous tomber sur les nerfs, ce blogueur, avec ces restos de quartier- offrent des plats diversifiés, pour tous les repas, pour toutes les bourses et toutes les envies -encas à la carte ou table d'hôte élaborée- à des prix justes. On s'y sent comme chez soi, dans un décor chaleureux, entourés d'oeuvres d'art d'artistes du coin ou de ces ardoises et minuscules vélos aux airs d'école des Filles de Caleb, et c'est tout ce qui compte.

Le SSS
La tendance des bistrots gastronomiques nous vient d'ailleurs. Je l'ai expérimentée au Fatty Crab, à New-York cet été, notamment. Autrefois critiquée par sa cuisine fade, Londres en jette aujourd'hui aux gourmands grâce à ses "gastros pubs".

Des bistros de qualité, j'en suis. Mais s'il-vous-plaît, les chefs, ne négligez pas ce concept qui me semble incontournable en affaires: le rapport qualité-prix.

Au son de...

Ce billet a été écrit grâce à l'Internet sans fil d'Orléans Express et au son de Misteur Valaire, un groupe que j'ai découvert cet été à Expo Québec. Je préfère leur plus récent album et ses cuivres ensoleillés. En spectacle, ça bardasse et ça déménage, dans un chaos soigneusement mis en scène.