mardi 28 décembre 2010

Bonnes adresses

Le temps des fêtes est non seulement propice au ski de fond, à la lecture, au cinéma, au visionnement interminable de séries en DVD -c'est sur Musée Eden et Les Tudor que je jette mon dévolu cette année!-, mais aussi à l'exploration de bonnes adresses! En voici quelques-unes...

Un nouveau Victor en basse-ville

Amateurs des burgers sophistiqués de Chez Victor, sachez que le maître es boeuf vient d'ouvrir une nouvelle succursale à proximité de la Gare du Palais. Si celle-ci "n'accotera" jamais ma préférée, celle, chaleureuse et animée, de la rue Saint-Jean, la p'tite dernière possède un atout de taille: ses chaises aux dossiers pastels colorés? Heu... oui, mais surtout sa salle à manger amplement fenestrée offrant une imprenable vue sur la gare du Palais et le quartier alentour.

Attention: cet été, ces fenêtres qui s'ouvriront sur la fontaine conçue par Daudelin, pièce maîtresse du quartier de la gare, seront courues!

Petites douceurs sur Saint-Joseph

Depuis octobre, je parcours abondamment la rue Saint-Joseph, dont les boutiques ultrachics font de plus en plus place à des commerces locaux et abordables. J'écume presque aussi souvent la reine du centre-ville de la capitale que mes amies SI, AG et LG, ce qui n'est pas peu dire...

J'aime
  • l'ambiance créative -et le nouveau 3e étage- de la Brûlerie Saint-Roch, le royaume du portable
  • les smoothies, la crêpe farcie jambon/oeuf/fromage/sirop d'érable, les bénés, les soupers qui s'étirent, les projections multimédia et les sympathiques et affables serveurs du Cercle
  • la qualité du design actuel des vêtements québécois de chez Blank
  • mon chapeau de fausse fourrure et ma chemise lousse de fin de semaine de chez Urban Outfiters, paradis du vintage et du look à la fois doudoune et branchouille
  • la verve du personnel et la cuisine abordable du bistrot français Les Bossus
  • l'Hôtel Pur et sa salle à manger ouverte pour les déjeuners, dans laquelle le regard se perd dans les immenses fenêtres mettant si bien en valeur l'église Saint-Roch
  • les pâtisseries miniatures garnies de pipettes de la pâtisserie Loukoum Cupcake
  • les souliers originaux de La Godasse
  • la succursale basse-villoise de la librairie Pantoute et tous ces commerces qu'il me reste encore à découvrir...
Des verrines sucrées

Un autre secteur en ébullition à Québec? Celui entourant le tout nouvel édifice Jules-Dallaire, de Sainte-Foy, à l'intérieur duquel s'est posé le resto plaisir Paris Grill après son départ de la rue Hochelaga. Bistrot français intéressant, il m'a surtout séduit par ses desserts en verrine. Portion raisonnable, mais toute aussi gourmande des savantes "cochoncetées" souvent obèses. À surveiller en janvier 2011: le spécial tartes flambées pour les budgets des fêtes écorchés.

Seul détail agaçant avec le personnel des restos plaisir: leur attitude de vendeur à la commission. Au Cochon Dingue, comme chez Bryndt, au Lapin Sauté ou du côté du Paris Grill, leur insistance à nous offrir entrée, soupe, digestif, bien qu'enrobée d'humour, est parfois franchement "fatiquante".

Et pour 2011?

De nouvelles adresses à découvrir sur la rue Saint-Jean côté Faubourg:

  • La Brûlerie Saint-Jean, petite soeur de l'ainée de Saint-Roch
  • Le Comptoir, qui marque le retour du smoke meat sur la rue bohême
  • Les sushis du Yuzu qui se pointent en face de l'Intermarché
Je vous souhaite une année 2011 sous le signe du péché... de gourmandise!!

La voix des disparus

Je possède un livre de recettes un peu particulier. Ce livre, jamais publié, est le résultat d'un patient travail de recherche, de saisie et de coordination accompli par mon amie d'enfance MB.

À la suite du décès de sa mère, une cuisinière hors pair et dévouée, MB y a réuni les recettes de cette dernière, les siennes et celles de 2 de ses tantes. Patiemment, elle en a « numérisées » un grand nombre, puis les a imprimées, classées et indexées.

Je me considère privilégié d'avoir reçu une copie de ce livre qui vaut à mes yeux bien plus qu'un recueil de Ricardo ou Di Stasio. Il constitue en quelque sorte une lente antidote à un deuil éprouvant.

Se souvenir d'une voix

Ce samedi 18 décembre, c'est un peu ému que j'ai parcouru ce recueil gourmand au son du dernier disque d'Arcade Fire. Je me souvenais de Françoise, la mère de MB... tout en songeant au premier Noël sans Louis, le père de N. Un Noël finalement rempli de son souvenir, à la fois nostalgique et sous le signe de la solidarité et de la solidité des liens d'une famille que je me prends souvent à admirer.

À la demande de MB, j'ai eu le privilège de rédiger et de lire un hommage à Françoise lors de ses funérailles. Quand j'ai amorcé l'écriture du texte, un premier souvenir s'est imposé de lui-même: sa voix, forte, enthousiaste, qui habitait toute la pièce où elle se trouvait, cette voix dont ont hérité M et F que je côtoie davantage, cette voix aimante et chaleureuse qui portait loin toute l'affectation qu'elle éprouvait pour son conjoint et ses 3 enfants.

J'entends souvent Louis depuis son décès. Cette semaine, je me rappelais ce matin de 25 décembre 2005, dans ma cuisine de la rue Cartier. SB, les enfants et lui avaient dormi chez nous après un mémorable réveillon et tandis que je faisais aller lavette et essuie-vaisselle, il m'accompagnait du refrain de C'est Noël de sa voix juste et puissante.

Car Louis savait chanter. Rarement interprétait-il une chanson du début à la fin, parsemant plutôt les conversations de « Couroucou Paloma » ou de « Rire aux larmes », mais j'ai rapidement compris d'où N tenait ses talents de chanteur et de musicien. Louis avait de l'oreille et du rythme et poussait régulièrement la note au son des 1600 morceaux de sa turlutte, longue partition de sa cavale en Alaska l'été dernier.

« Bonjour, jeune homme! »

J'entends Louis presque chaque fois que nous entrons dans sa résidence de Cap-Rouge.

Je me souviens de ces soupers du dimanche soir alors qu'il venait le premier à notre rencontre. « Suzie, c'est Ti-Nico! », lançait-il à la ronde! Et puis j'entends 
  • ce « Bonjour, jeune homme! », qu'il m'adressait solenellement
  • ses «Suzie, il mange tous nos biscuits!» un peu paniqué quand son Ti-Nico se jetait dans les boîtes de craquelins en attendant le premier service
  • ses « Et puis, comment va l'Assemblée nationale? » ou le Conseil du trésor ou la CSST, selon nos employeurs du moment
  • ses méchantes expressions chaque fois qu'était prononcé le nom d'un certain député de notre noble assemblée...
Et j'entends aussi ses éclats de voix lorsque nous abordions des sujets de conversation plus controversés comme les droits de chasse des autochtones, le développement durable ou la gestion des forêts au Québec.

Je l'entends autant que je le vois. J'entends cette voix assurée comme j'entends encore celle de Françoise caresser son Denis de petits mots d'amour.

Et je me dis, après avoir vécu la mort de si près, dans ses coulisses qu'elle a si tristes, que j'aurais pu être davantage présent pour MB. Lui cuisiner ces plats savoureux que nous ont généreusement concoctés les amis des parents de N dans les jours suivant le départ de Louis. Ou juste écouter, car on a tant besoin de parler pour évoquer le souvenir des disparus, pour qu'il vive encore longtemps... 

Je pense qu'en 2002, la mort avait encore quelque chose d'irréel pour moi, que j'en ressentais mal tout le poids. Aujourd'hui, je perçois davantage le vide irréel qu'elle provoque.

Combattre silence et oubli

Je me souviens de cette mère endeuillée de Rimouski, membre d'un groupe de parents ayant vécu la mort d'un enfant, qui m'avait confié lors d'une entrevue au Progrès Écho que le silence des proches à la suite d'un tel drame pouvait causer davantage de blessures que de soulagement. Et je me souviens aussi de la scène tellement forte de l'avant-dernier épisode de la série télévisée américaine Six Feets Under, ce toast à l'un des personnages disparus tellement émouvant.

Les décès qui nous parlent encore ne feront jamais tinter de joyeuses mélodies. Mais ils sont l'occasion parfois inespérée de réconciliations et souvent de rencontres humaines dans ce qu'elles ont de plus loyales, amicales et complices.

Profitez bien de ce temps des fêtes pour exprimer à vos proches tout l'amour qu'ils vous inspirent, en mots comme en gestes. On ne contrôle hélas! pas ni le moment, ni le lieu de leur ultime départ...

lundi 6 décembre 2010

La consommation du thé

Des plaisirs de la vie qui se laissent déguster sur les rues Saint-Jean la bohême et Saint-Joseph l'urbaine ces temps-ci, le thé est sans doute le plus tendance! La maison de thé Camellia Sinensis, sise notamment sur la Jospeh, anime ce goût du thé qui côtoie chez de plus en plus celui du café. 

Initié au thé autre que Salada par mon beau-frère, ma belle-mère et des amis, N. et moi avions envie de nous payer une théière pour nous y mettre aussi! Petite séance de repérage sur Saint-Jean, pour constater que c'est Camellia qui offre au centre-ville l'éventail le plus complet de théières. Dans un magasin bondé, N. et moi en repérons une pas trop chère et attrapons un vendeur pour qu'il nous l'emballe.

Trop simple.

Le monde du thé est à l'image de celui du vêtement, de la quincaillerie, du vin, de l'huile d'olive... Tellement, tellement de choix, pour tellement, tellement de goûts et tellement, tellement à se procurer pour tellement, tellement apprécier... Les impératifs de la consommation -vous ne pourrez pas l'apprécié à sa juste valeur si vous ne possédez pas ceci ou cela...- ont aussi rattrapé le monde du thé.

Une théière pas chère? C'est bien, mais celle que nous avons choisie convient uniquement aux thés noirs, qui y laisseront au fil des infusions de charmants dépôts. Ceux-ci nuiront aux infusions de thé vert, ou blanc, ou autres. On nous dirige donc vers la théière de fonte, chinoise ou japonaise, pour un maximum de qualité... et à prix plus élevé, évidemment.

 Et puis il y a les gobelets, qu'on ne vend pas avec la théière chez Camellia pour offrir à chacun la possibilité de créer son propre kit exclusif, et ainsi de positionner clairement sa personnalité lors de ses cérémonies du thé! Et puis il y a encore le trivet, sur lequel poser la théière pour éviter les dégoulis de boisson chaude... et l'infuseur, parce qu'on ne fout pas du thé comme ça dans une théière japonaise... et la bouilloire... OK, ça suffit, notre bouilloire de plastique va faire la job!

Toujours est-il que notre initiation au thé s'est révélée plus complexe que prévu... mais le chaud breuvage demeure tout de même bien réconfortant une fois l'équipement entre nos mains!

Envie d'une expérience plus simple? À La maison des 100 thés, sur chemin Sainte-Foy, on se prend beaucoup moins la tête: on vend ensemble théière,  plaque pour la déposer et gobelets pour le déguster. N'empêche qu'il y a un je ne sais quoi chez Camellia, là où un jeune moustachu arborant un chandail des Oilers flirte avec une charmante jeune femme autour d'une tasse de thé. Ce que cette boisson millénaire possède comme propriétés, quand même...

Oh oui: nous avons organisé notre première "cérémonie du thé" hier -une bien grande expression pour dire que nous avons reçu des amis autour d'un thé et de biscottis!-, sans kimono, ni scones, ni costumes de geisha. Malheur à nous!

dimanche 5 décembre 2010

La Dolce Farniente

Intense piqûre du voyage hier soir en visionnant le très beau film Eat Pray Love (Mange prie aime), plus particulièrement son volet Mange! Parfois un peu mielleux, multipliant à certains moments les conseils de vie à la Paulo Coehlo -L'Alchimiste-, EPL est à mon avis bien filmé, exploite à fond une trame musicale bigarrée -de Eddie Vedder à la Flûte enchantée en passant par Bebel Gilberto et Neil Young- et surtout, m'a fait sentir profondément vivant!

Journaliste au tournant de sa vie, qu'elle a, nous semble-t-il, vécu davantage par procuration qu'en toute entièreté, occupée à plaire à un et à l'autre et fuyant dans l'esbrouffe du quotidien sa quête d'elle-même, Liz laisse tout derrière elle pour renouer avec corps et coeur à Rome, en Inde et à Bali. Son périple s'ouvre, comme le titre du film l'indique, sur un volet Mange, alors que le personnage de Julia Roberts s'installe dans la capitale italienne pour s'empiffrer de pâtes, de pizzas, de gelatos et autres douceurs avec des amis qui lui veulent du bien.

Des images magnifiques et authentiques -j'ai bel et bien vu dans la Ville Éternelle ce qu'on nous montre à l'écran- de la terrasse du Château Sainte-Ange, face au Vatican, d'un lever de soleil au-dessus de la Basilique Saint-Pierre-de-Rome, de la splendeur du Colisée, du café San-Eutstachio où paraît-il, on sert le meilleur café de Rome et que nous avons aussi savouré, d'un match de foot suivi en pleine rue à Naples: l'Italie nous interpelle par sa sensualité et son épicurisme! Des scènes de bouffe et de vin en plein air et une reconstitution romaine de la Thanksgiving: la Dolce Farniente, quoi, qui rebrancherait n'importe qui sur son moi -et son foie- profond!

En Inde, le volet "Prie" complexifie l'histoire de Liz, dont on peine à saisir tous les enjeux de la quête, noyés qu'ils sont dans une pénible recherche de Dieu à travers la méditation et les conseils un peu trop écrits d'un condisciple texan que le culte d'une gourou a placé sur sa route. L'Inde chaotique se laisse quand même contempler dans ses marchés d'épices et ses mariages aux saris vifs et colorés, dans ses temples aux offrandes abondantes ou sa pauvreté tellement déstabilisante.

À Bali, place à l'amour avec -pas malchanceuse du tout, la Julia- un Javier Bardem incarnant un Brésilien hypersensible et blessé lui aussi par la vie. On a droit à toutes les grandes vérités sur l'amour, à la peur qu'il faut confronter pour mieux s'engager, mais sous le soleil et la flore de Bali, on se dit qu'on peut bien s'enfiler un cliché ou deux!

Mange, prie, aime, une saine thérapie en cet hiver naissant, à ne pas visionner... le ventre vide!