lundi 12 octobre 2009

Coup de coeur pour les pays d'en haut

Trop courte escapade cette fin de semaine à Mont-Tremblant, dans les Laurentides, pour découvrir une région du Québec que je n'avais jamais eu le bonheur de visiter. Vous savez quoi? Dans ce savant tricot de lacs, de rivières et de montagnes qu'est la terre d'accueil du curé Labelle, les couleurs ne sont pas que légendes d'automne!

L'éclat avant l'hiver

Déjà séduits par le manteau doré des autoroutes 40 et 640, nos yeux attentifs se sont définitivement laissés émerveiller par les teintes d'orange brûlé, de rouge vif, de jaune mêlé de brun des érables, par le rosé des graminées comme par le rouge moucheté de jaune et de vert des arbustes se déployant tout au long de notre remontée vers le nord. Sur l'autoroute 15, puis sur la route 117, les feuilles ayant renoncé au vert recouvraient jusqu'aux limites de l'horizon collines et sommets pour les faire briller une dernière fois avant qu'ils ne blanchissent subitement sous le poids de la neige.

La naïveté de 2 aventuriers

Cette fin de semaine à Mont-Tremblay m'a permis d'apercevoir mes plus beaux paysages d'automne. Sur la montagne de la station de ski sise au milieu de la station touristique d'abord. Naïfs, N. et moi avons renoncé au billet aller-retour de la remontée mécanique pour acheter, à l'inverse de tout le monde, un billet descente seulement.

Ça pas l'air si haut, c'te montagne-là! Ah ouais? Nous avons failli laisser notre souffle dans le sentier du Grand prix des couleurs... mais nous l'avons gravie la montagne, affrontant des dénivelés parfois périlleux, combattant le vent et la bouette, confortés dans notre désir d'atteindre le sommet par beaucoup d'orgueil et par ce tableau toujours plus vaste s'étirant sous nos yeux : fresque à la fois sauvage et merveilleuse entremêlant les courbes colorées des montagnes aux méandres des cours d'eau. C'était beau... mais il fallait que ça finisse avant de nous laisser sans énergie, cette montée! Rarement un chocolat chaud -savouré au sommet- m'aura paru aussi réconfortant...

Le Diable et ses panoramas

Splendides panoramas également que ceux offerts par le Parc national du Mont-Tremblant (secteur de La Diable). Pierre, l'un de nos hôtes à l'Auberge Le Lupin où nous avons posé nos sacs à dos pour la fin de semaine, nous avait préparé un parcours plein air idéal pour une journée.

Courte randonnée d'une demie-heure chacune à la Chute du Diable puis aux Chutes Croches. La majesté de l'eau qui s'écoule en cascades imposantes a toujours de quoi impressionner. Puis, 2 heures d'ascension dans le sentier La Roche, à proximité du lac Monroe, pour profiter d'une vue sur la vallée glaciaire dans laquelle s'écoulent celui-ci et celle du Mont-Tremblant. C'est sur le toit de ce sentier que j'ai aperçu ma première neige -quoique bien timide...- de l'année!

Un havre pour les riches

Disons-le tout de suite, Mont-Tremblant se fait d'abord belle pour les plus fortunés de ce monde. Golfs en abondance, plages privées, marinas destinées à cueillir les pas de marins loin d'être sans le sou, boutiques de skis aux vêtements griffés, casino -que je n'ai pas vu-, hôtel Fairmont... et un bien joli village d'inspiration européenne où se bouscule une foule de touristes venus du Québec et surtout d'ailleurs.

Des bâtiments de couleurs vives, des hôtels, des condos enlacent la station de ski qui justifie leur existence. Un peu prisonniers, les visiteurs de passage acceptent de payer un peu plus cher, même pour leur nachos et leur hamburger... Superficiel ce village? Plutôt charmant, je trouve et de bien meilleur goût que bien des sites touristiques. Dans le village de Saint-Jovite situé à 12km du centre de villégiature, on mange mieux et moins cher, nous a rapidement indiqué Pierre.

Couette... et omelettes

Je vous recommande l'Auberge Le Lupin, couette et café où nous nous sommes installés pour la fin de semaine. Hôtes chaleureux complètement dévoués à leur clientèle, vaste salon accueillant hébergeant notamment une imposante collection de disques compacts, mais surtout... de petits déjeuners délicieux, faisant la part belle au sucré -muffins dattes et oranges, poires et chocolat, pouding au pain et aux fruits, pain à la courgette-, au santé -yogourt et salade de fruits- et au salé -omelette au jambon, aux asperges et au cheddar, ou au saumon fumé et au fromage à la crème. Nous nous sommes régalés. Et quand en plus le café est à volonté...

Cette fin de semaine, Jupiter s'est pointée le bout du nez, il a un peu neigé, et le vent a emporté plusieurs des feuilles qui nous avaient charmés à notre arrivée. L'automne des couleurs s'apprête tranquillement à hiberner tandis que des foulards nous recouvrent de nouveau le visage. Dans ces Laurentides qui se prêtent avec générosité au jeu de la métamorphose automnale, j'aurai au moins contemplé ces couleurs à satiété!

Notre séjour en photos

Pour voir en images ce que je viens de vous raconter, voyez le diaporama à droite de ce billet.

dimanche 4 octobre 2009

Coin Sainte-Catherine / Champlain...


Le cinéma Cartier était anormalement rempli jeudi soir dernier -d'un public varié, en plus- pour assister à la projection du documentaire Hommes à louer du cinéaste Rodrigue Jean. Thème abordé : la prostitution masculine. Le décor : les rues de l'Est de Montréal.

Le réalisateur de Full Blast a construit sa plus récente œuvre autour d'entrevues réalisées pendant un an avec 12 jeunes hommes prostitués, dont plusieurs à peine majeurs. Au fil des mois, il a gagné leur confiance. Les acteurs du documentaire se sont confiés sans pudeur à sa caméra installée dans les locaux du Projet Séro Zéro. Pas de flaflas, d'effets spéciaux ou de montage dans ce film à la trame chronologique et constitué uniquement d'extraits de témoignages francs, parfois dérangeants, souvent pathétiques.

Les révélations qui choquent

Les propos des participants au documentaire mettent bien sûr en lumière l'absurdité de situations qu'on soupçonnait ou connaissait déjà:

  • l'inutilité de l'intervention des policiers qui jouent les clients pour jeter en tôle pendant 3 jours de jeunes prostitués . Ceux-ci récidivent sitôt revenus dans la rue. Résultat: perte de temps, d'argent, détournement du rôle de la police. Les mots me manquent pour qualifier ce "travail de nettoyage" qui devrait plutôt diriger les prostitués vers des ressources capables de les appuyer
  • le "faux désir de moralité" de certains clients hauts placés -députés, juges, avocats- qui dénoncent la prostitution depuis leur tribune, imposant des peines ou jugeant les victimes, tout en profitant du système
  • la difficulté de délaisser un métier qui paie bien et vite: pourquoi travailler au salaire minimum quand on gagne en une semaine ce qu'on gagnerait en un mois?
Les confidences d'un prostitué plus âgé rencontré chez lui sont particulièrement troublantes. Star de cinéma porno en Californie à l'âge de 16 ans, il croupit aujourd'hui dans un appartement minable, dépensant son chèque de bien-être social le soir où il le reçoit parce qu'incapable de résister à la drogue ou payant des tournées pour se faire aimer, réduit aujourd'hui à participer à des tournages humiliants dans lesquels il se fait sodomiser par une femme.

Ce qui rassure? Les prostitués interrogés accordent une attention particulière à leur santé et ont des relations sexuelles protégées.

La for
ce et la faiblesse de la parole

À partir de sa riche matière première, Rodrigue Jean aurait pu imaginer une histoire, créer des situations, enrichir le propos de témoignages d'experts, de clients, de policiers, d'intervenants sociaux. Il a plutôt accordé toute la place à la parole de jeunes qui louent leur corps à répétition jusqu'à s'user et à vieillir prématurément. C'est à la fois la force et la faiblesse de son film.

La force car l'approche du réalisateur ouvre grand les fenêtres sur la détresse de jeunes qui en sont à peu près tous venus à la prostitution pour "faire de l'argent rapide" et payer leur consommation de drogue. Au fil des mois, certains tentent de se libérer de l'emprise du crack, de la coke, du pot, ils y parviennent, puis sombrent à nouveau.

Un des jeunes interviewés refuse de déposer son argent dans une des ressources communautaires offrant ce service. Il a peur, une fois en manque, de revenir le chercher et s'en prendre physiquement à toute personne qui l'empêcherait de le récupérer.

L'emprise de la drogue

La drogue constitue le personnage principal du documentaire : elle teinte les confidences, provoque les tics nerveux, rend fébriles chacun des personnages.

D'abord utilisée pour masquer une souffrance, -abandon, manque d'amour, abus, violence- la drogue en vient à effacer ce dégoût d'eux-mêmes que ressentent les jeunes à l'égard du métier qu'ils pratiquent. Certains racontent avec franchise ce qu'ils ont accomplis pour 15$ ou 20$ : si peu d'entre eux y trouvent quelques traces d'amour, d'autres refusent l'attachement, plusieurs empochent le plus rapidement possible pour passer rapidement à une autre pipe.

Un sujet noyé?

Par contre, l'enfilade de témoignages qui s'étire sur près de 2 heures 20 noie un peu le sujet et en dilue tout le potentiel émotif. Non pas qu'il y ait tant de redondance dans les propos des prostitués interviewés, mais plutôt un manque de variété dans la façon de leur donner la parole, de mettre en scène leur propos.

L'objectif de Rodrigue Jean n'était pas de réaliser un documentaire étoffé sur la prostitution masculine, mais plutôt de donner la parole à de jeunes prostitués : en ça, il y réussit parfaitement. Il aurait cependant gagné à ramasser davantage leurs confidences. Il faut savoir toutefois que Jean s'est battu avec ses producteurs pour ne pas couper dans la durée du film. Conçu à partir de centaines d'heures d'enregistrement, le documentaire s'étendait sur 8 heures à la suite d'un premier montage!

Peu de lumière

Que retenir du film? Peu de lumière, quoiqu'au moins un des jeunes prostitués quitte la rue à la toute fin du film. D'autres veulent en sortir, mais échouent à se délivrer de la poigne de fer de la drogue, qui les entraîne de nouveau dans un cycle d'humiliations et de violence.

Même devenu père, un des "personnages" principaux du documentaire peine à renoncer au crack: on songe alors à ce que deviendra cet enfant, coincé entre une mère elle aussi prostituée et ce père ravagé par le crack, et on souhaite que la détresse des parents ne prenne pas la forme d'une nouvelle offrande aux pièges de la rue...

Pour en savoir plus sur le film et la démarche du réalisateur, voir la fiche du film sur Mon Cinéma et lire l'article d'Annabelle Nicoud "Hommes à louer: Rodrigue Jean, dans les villes"

samedi 30 mai 2009

Orgie de couleurs


"Barcelone, j´irai un jour pisser sur toi", chante Pierre Lapointe sur Les sentiments humains. "Barcelone, je t´aime trop pour ça!", aurais-je plutôt envie de lui répliquer. Pourquoi? Pour cette orgie de couleurs dans laquelle tu nous a plongés dès notre arrivée, thérapie de lumière qui nous a subjugués malgré le poids du décallage horaire.

À peine étais-je installé sur ce banc de la Ronda del la Universitat, ce samedi 23 mai a 9h, que déjà la capitale catalane se taillait une place de choix dans mon coeur pour cette fete des couleurs :

  • Les verts vifs des palmiers et de tous ces arbres qui recouvrent la cite -pas une rue sans arbres, ici- et des plantes qui se deploient sur les balcons de fer forge
  • Les rose saumon, orange pale, beige et jaune vanille des edifices qui surplombent ces petites ruelles dans lesquelles s´infiltre à peine le soleil ou sur ces grands boulevards aux places publiques debordantes de vie
  • Les mauves, les roses, les rouges, les vert pomme, les bleu royal, les turquoise des t-shirt, des robes, des chemises que porte une faune espagnole decontractee et lezardant sous les rayons du soleil, une cervesa ou une coupe de vin a la main
  • Toutes ces couleurs des etals du marche de San Joseph de la Bocqueria -merci aux BBEC de nous avoir recommande ce marche de l´abondance- , les teintes vives des fruits, des legumes, des bonbons, des jujubes, des chocolats, les poissons, les pieuvres, les anguilles, les langoustines, la viande suspendue, les saucissons, les charcuteries, les fromages, une orgie d´odeurs aussi: nous deviendrons des habitues de ce marche, de ces smoothies et de ces assiettes de fruits exotiques!
  • Les mosaiques et ceramiques colorees des edifices a l architecture audacieuse et brillante
  • Et les etalages de fleurs, les cages d´oiseaux et les artistes costumes de l´avenue animee de La Rambla, encore et toujours de la couleur!
Nous avons passe 4 jours et demi a parcourir Barcelone, decouvrant ces quartiers:
  • de la colline de Montjuic aux plages de la Barcelonita
  • du Berri Gothic, sa cathedrale et son Palais de la Musique de Catalogne aux oeuvres des architectes modernistes de la fin du 19e siecle et du debut du 20e siecle, Gaudi en tete
  • des tours vertigineuses de la Sagrada Familia au quartier branche du El Born -merci EDN pour ton article de Elle Quebec qui nous a conduist vers ce "Soho Barcelonais"'-
  • du stade olympique aux points de vue feeriques sur la ville entre 2 varietes de fleurs inconnues du Jardin Botanique
  • du Park Guell, habite tout entier par les oeuvres de Gaudi, encore lui, a Port Vell, le vieux-port
Des heures a marcher et a nous dire qu´il y a definitivement trop de beaute, ici, a nous forcer a arreter en nous disant qu´on reprendra l éxploration le lendemain, á terminer ces journees de decouverte par un souper et une bouteille de vin... mais jamais avant 21h, heure du coucher de soleil!

Une question encore: pourquoi n´est-ce pas au coeur de cette cite catalane que notre bon maire de Québec, Régis 1er, est venu puiser son inspiration pour une intégration réussie de l´architecture au decor urbain? Car on ne peut evoquer Barcelone sans citer les merveilles de son architecture, tant medievale que moderniste ou contemporaine, s´exalter du charme de chacun de ses quartiers, de la coquetterie de ses places, dans une ville ou meme les banques logent dans de veritables chefs-d´oeuvre de briques ou de pierres!

Farniente a Madrid

De Barcelone du 23 au 27 mai, nous errons desormais dans Madrid, capitale espagnole febrile qui se laisse admirer elle aussi sans trop de difficultes!

Ici, nos vacances ont change d´allure, alors que nous avons eu la surprise d´amenager dans un petit bijou d´appartement au decor moderne, a proximite de la Gran Via et d´un tas de restaurants gourmands. Lever tard, petit dejeuner a la maison, une brassee de fonce, de la musique espagnole pour accompagner notre cafe, et nous voila repartis en quete d´exotisme et encore... de beaute!

Toiles classiques du Musee du Prado, splendeur des salons du Palais Royal, surrealisme parfois un peu choquant des oeuvres de Picasso, Miro et Dali au Centre d´art de la Reine Sophie, vitraux traditionnels et typiquement de notre temps dans la toute recente cathedrale, cafe solo ou con lecce sur la Plaza Mayor...

Un trip bouffe

Et en Catalogne comme en Castille, nous ne negligeons pas notre estomac! Tranquilles dans la journee -sandwich au jambon, salade, bikini (sorte de grilled cheese local), tapas aux portions raisonnables-, nous avons entrepris un veritable periple culinaire chaque soir que ces vacances amenent!

Si le periple a un peu mal commence -tapas gras et trop frits ou pizza et soupe aux fruits de mer sans gout dans un resto touristique de La Rambla-, il s´est revele riches en decouvertes gastronomiques de toutes sortes depuis lundi soir! Chez Origens, Baazar, A Dos Velas ou à La Musa, place au boeuf argentin nappe de sauce au fromage bleu ou au pesto-ail, aux tapas de style pomme verte farcie de viande, sushis appretes a la sauce locale ou cuisses de canard, a une degustation de fromage, de charcuteries et meme de boeuf bourgignon et a toute une declinaison de fondants au chocolat baignant dans des sauces tout aussi chocolatees. Je ne veux plus partir d´ici et recommencer a manger du macaroni!!!

Ils nous ont finalement eus...

Je m´en mefiais depuis le debut du voyage, les redoutant un peu, les apercevant dans cet homme solitaire un peu louche ou ce jeune voyou, attachant solidement mon sac a dos sur la taille ou tatant regulierement mes poches... Ils nous ont finalement bien bernes... ces 2 voleurs qui ont profite de notre seance de creme solaire sur la Plaça de Catalunya!

Beaucoup d´adrenaline mais plus de peur que de mal... Les voleurs ont mis la main sur nos passes de train -le plus gros butin-, sur des vetements, les lunettes et le Ipod de N, mais le sac North Face achete au Vietnam ne contenait ni argent, ni cartes, ni passeport, et nous avions des copies de nos billets d´avion. Juste une petite deception de perdre certains objets, dont notre guide Lonely Planet... dont nous avons finalement trouve une version plus recente!- et la frustration de s´etre fait avoir par ce voleur qui a reclamait du feu tandis que son complice invisible volait le sac a mes pieds. Grrrrr...

A part cet episode, tout se passe pour le mieux: beaucoup de soleil et beaucoup de bonheur! Seuls bemols? Ca manque de toilettes publiques et d´abreuvoirs ici, mais quand on planifie bien ses excursions...!

mercredi 6 mai 2009

À la rencontre d'Amadeus




Brève mais agréable virée montréalaise, en fin de semaine dernière, pour assister, à la suggestion de N. le mélomane, à une représentation de la pièce Amadeus, de Peter Shaffer, à l'affiche du Théâtre Jean-Duceppe. Cette pièce est à l'origine du film du même nom, une œuvre de Milos Forman lauréate de 8 oscars en 1984... qui débutait par la symphonie no25 de Mozart que vous entendrez en cliquant sur la vidéo précédant ce billet.

Outre l'occasion de vivre une première expérience au théâtre dans la métropole -quoique la salle Octave-Crémazie du Théâtre du Trident de Québec n'ait rien à envier à la résidence de la Compagnie Jean-Duceppe-, j'étais curieux de découvrir comment le texte ayant inspiré l'exubérant film de Milos Forman pouvait vivre dans le cadre beaucoup plus dépouillé d'une scène. René-Richard Cyr signait la traduction en français et la mise en scène de la pièce, qu'il a, dit-il, épuré de certains personnages, tandis que les comédiens Benoît McGinnis et Michel Dumont défendaient les 2 rôles principaux.

Une relation amour-haine

Amadeus raconte la relation amour-haine qui se noue entre le jeune compositeur Mozart, musicien tout aussi surdoué que frivole aux idées révolutionnaires, et le compositeur Antonio Salieri, conservateur épris de morale ayant sacrifié sa vertu à Dieu pour que le Créateur fasse de lui un compositeur reconnu et acclamé. L'arrivée de Mozart à la cour de Vienne en 1781 bouleverse les plans de Salieri, qui se détourne de Dieu pour provoquer sa chute de son rival.

René-Richard Cyr a su admirablement condenser la pièce de Shaffer pour en retenir l'essentiel, la déchirante jalousie qui anime Salieri à l'égard du prodige qu'est Amadeus. Le texte est sobre, agrémenté, comme dans le film de Forman, de la magnifique musique de Mozart.

Dans le rôle de Salieri, Michel Dumont m'a semblé manqué un peu d'intensité et d'expression, lui dont la vie bascule pourtant à l'arrivée du jeune Mozart à la cour de l'empereur. Benoît McGennis incarne un Mozart beaucoup plus étincelant, dont le caractère volage est accentué par ses costumes criards. Un tête-â-tête intelligent mais qui se révèle un peu trop froid, dans une mise en scène somme toute classique sur une scène sombre ayant peut-être contribué à éteindre quelques ardeurs.

La pièce de l'année

Amadeus demeure néanmoins la meilleure pièce que j'aie vue au terme d'une saison théâtrale passée cette année au Trident. Une première... qui ne sera sans doute pas répétée.

Doté de beaucoup de moyens, la compagnie a programmé des pièces variées qui m'ont laissé généralement... indifférent. Une nouveauté de Robert Lepage dans laquelle la forme dominait le fond, une pièce de Claude Gauvreau dont l'écriture à la limite de l'absurde m'a endormi et le personnage de Don Juan revisité par Éric-Emmanuel Schmitt, qui fait du héros un... homosexuel, marqué par une seule vraie relation amoureuse, masculine, à laquelle on ne croit pas du tout. D'autant plus que Don Juan était incarné par un comédien dénué de tout charisme.

J'aime le théâtre.

Le croisement d'une pièce bien écrite et près de mes préoccupations, de comédiens dont le jeu frise l'authenticité et d'une mise en scène originale qui exploite l'imaginaire plutôt que de tout montrer peut me toucher davantage que bien des films. Devrais-je magasiner mes pièces plutôt que d'offrir toute ma saison à un seul théâtre? Expérimenter de nouveaux lieux de diffusion, Le Périscope ou Première Acte, que je n'ai jamais fréquenté assidûment? Est-ce qu'à force de voir trop de pièces on devient trop blasé? Je ne peux pas le croire!

Comme les livres qui m'ont marqué, je me souviens encore avec bonheur de pièces qui m'ont émerveillé ou bouleversé, comme La trilogie des dragons de Robert Lepage ou Forêts de Wajdi Mouawad. Le théâtre peut être un médium extraordinaire...

lundi 20 avril 2009

J'ai reçu la tague...


... de mon amie Sophie Imbeault, blogueuse émérite, qui, depuis son carnet septentrional, me soumet ce questionnaire à relais sur la littérature! Merci Sophie de m'obliger à jouer du clavier en ces temps de flegme écrivaine... n'avais-tu pas écrit un billet sur le sujet, d'ailleurs?


1. Plutôt corne ou marque-page ?


Marque-page, dont plusieurs ont survécu à plusieurs déménagements, particulièrement ces signets illustrés des Publications du Québec dérobés à la Libraire L'Alphabet de Rimouski...


Parlant de corne, souvenir de N., qui, au tout début de nos fréquentations, m'emprunte un de mes meilleurs souvenirs de lecture, le premier tome de Harry Potter, qu'il lit tellement comme s'il était sien qu'il en "cornette" sans gêne les pages! On ne se fâche pas, dans les premiers temps... mais j'ai quand même reçu en cadeau un nouveau tome de Harry Potter à l'école des sorciers!


2. Un livre en cadeau ?


Je m'en achète souvent moi-même, grâce aux Bonidollars de ma carte Visa! Peu romantique... mais efficace pour garnir une bibliothèque.


J'oublie qu'un gigantesque cadeau livresque a meublé mon automne: les 3 tomes de la série Millénium, offerts par GB, DB et ML. Moi, c'est le 2e que j'ai préféré, pour l'intrigue et la sinistre histoire de Lisbeth Salander.

3. Lis-tu dans ton bain?


Désolé, je prends seulement des douches...


4. As-tu déjà pensé à écrire un livre?


Je vous ai déjà parlé de mon premier roman, Meurtre à Thetford Mines, écrit en 6e année ou quelque part par là... Du grand polar... à la Dallas!


5. Que penses-tu des séries de plusieurs tomes?


J'adore!!!


De telles séries comptent parmi mes meilleurs souvenirs de lecture:
  • des romans noirs: la saga des Malaussène de Daniel Pennac
  • une sage historique: les Rois maudits de Maurice Druon
  • du fantastique pour jeunes... adultes: la série Harry Potter pour le raffinement de l'intrigue.
J'en cherche une nouvelle avidement, d'ailleurs. Des suggestions? Sophie, pas les Rougon-Macquart de Zola, s'il-te-plaît, je n'ai pas franchi le premier chapitre de La bête humaine!


6. As-tu un livre culte ?


Pas vraiment, seulement des lectures qui m'ont vraiment passionné et dont j'amplifie le souvenir d'année en année! L'agenda Icare de Robert Ludlum, des aventures d'Arsène Lupin, les romans d'Agatha Christie sans Hercule Poirot ni Miss Marple - Les sept cadrans ou Rendez-vous à Bagdad, par exemple-, Debout les morts de Fred Vargas, un autre polar...


7. Aimes-tu relire?


Non! Trop de choses à lire pour perdre du temps à relire.


8. Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livres qu’on a aimés?


Je suis plutôt du genre timide... je ne saurais trop quoi leur dire.


9. Aimes-tu parler de tes lectures ?


Oui, car j'aime entendre les gens parler à leur tour de ce qu'ils lisent!


10. Comment choisis-tu tes livres ?


Des suggestions d'amis ou de parents, des références glanées dans les journaux ou à la radio...


11. Une lecture inavouable?


Les grands titres du Sept Jours ou de La Semaine juste avant de passer à la caisse de l'épicerie...


12. Des endroits préférés pour lire?


Couché sur le divan de mon salon ou enfoui sous les couvertures dans mon lit.


13. Un livre idéal pour toi serait ?


C'est cliché mais il s'appuie sur une combinaison rarement satisfaite, une intrigue captivante et originale et des personnages forts auxquels on s'attache.


14. Lire par-dessus l’épaule ?


Pas lire mais tenter de savoir ce que les gens lisent quand je croise quelqu'un qui bouquine, oui!


15. Télé, jeux vidéos ou livre ?


Surtout pas jeux vidéos, un peu télé... mais définitivement livre... et journal... imprimé! Je suis un dinosaure, n'est-ce pas?



16. Lire et manger ?


Non, mais lire et prendre un café avant de déjeuner le samedi matin, sur la terrasse l'été, quel plaisir!


17. Lecture en musique, en silence, peu importe ?


Tel un accord mets-vin réussi, la musique peut ajouter à l'histoire en l'inscrivant dans une ambiance particulière! Mais je lis généralement sans musique...


18. Lire un livre électronique ?


Il faudra bien que j'explore cette techologie... mais lire à l'écran, ça ne me branche pas tellement! Déjà que je m'y emploie 5 jours par semaine...


19. Le livre vous tombe des mains : aller jusqu’au bout ou pas ?


De plus en plus, je renonce. On a plus le sens du temps qui passe en vieillissant!


20. Qu’arrive t-il à la page 100?


L'intrigue décolle enfin, comme dans les Pilliers de la terre de Ken Follett!


21. Un livre que tu donnerais à ton pire ennemi?


Les écoles historiques...



À l'inverse de Sophie, je manque dans mon réseau de blogueurs à qui transmettre la tague, mais si l'exercice vous intéresse, répondez au questionnaire -en tout ou en partie- en commentaire, je suis bien curieux!

samedi 11 avril 2009

Réponse aux lecteurs


Fort intéressant ces 2 commentaires sur mes réflexions de "dinosaure". Et Seb, merci de m'avoir rappelé cette réflexion de primate sur les caméras numériques que j'ai enfoui profondément dans mon subconscient... Ça m'a vraiment fait rire!

Disons que j'ai un côté résistant aux changements, que je suis un peu craintif de l'imprévu. Mais quand je l'apprivoise, je ne peux plus m'en passer!

Bon congé de Pâques à toutes et à tous!

lundi 6 avril 2009

Je suis un dinosaure


Je suis un dinosaure... et l'heure de ma glaciation approche, je le sens!

Pourquoi? Parce que je suis encore abonné à un journal imprimé...

Depuis le début de l'année 2009, je constate avec mélancolie la fonte abrupte de ma Presse chérie. Autrefois véritable bottin téléphonique, l'édition du samedi du quotidien montréalais, quoiqu'encore consistante et agréable à parcourir, a subi une cure minceur au profit, je le devine par les nombreuses incitations à le consulter peuplant mon édition papier, du site Internet Cyberpresse.

De plus en plus riche en contenus multimédia, en blogues et en reportages originaux, Cyberpresse est évidemment à la page : on peut depuis quelques semaines recevoir ses nouvelles fraîches sur Twitter, le réseau social de l'heure qui permet d'échanger avec son réseau de contact des "gazouillis" d'un maximum de 140 caractères. Pourquoi attendre au lendemain pour lire un reportage de 2 pages sur le même sujet quand la démission de Guy Carbonneau "tweet" sur son cellulaire la veille à 17 h?

Ma Presse imprimée, donc, a perdu des plumes.

Elle a non seulement de la difficulté à trouver un camelot efficace pour la distribuer mais elle perd du contenu dans ses différents cahiers, quand ce ne sont pas les cahiers eux-mêmes qu'on enterre. Coût élevé du papier journal? Sans doute. Perte de revenus publicitaires? Ils se déplacent sur le Web... Ces jeunes qui ne lisent plus? Ils sont pourtant de plus en plus nombreux devant leur écran. Quête continue d'information? Désir de lire des textes plus courts partout, n'importe quand, grâce à son téléphone intelligent I-Phone, à son mini-portable ou à son Black Berry?

Le quotidien imprimé nage à contrecourant...

Si de mon salon je suis témoin de sa lente agonie, je ne peux demeurer sourd aux nombreux reportages et entrevues entendus ces derniers mois sur le sort des journaux traditionnels. Plusieurs se meurent, notamment aux États-Unis, où des institutions comme le San Francisco Chronicle, le Los Angeles Times et le Chicago Tribune vivent des temps difficiles. Sur Cyberpresse, la journaliste Agnès Gruda décrit ces petites morts dans son article Dure époque pour l'information publié hier.

Chez nous, on entend parler des difficultés financières du quotidien anglophone de Montréal, The Gazette, de coupes massives chez son cousin de Québec, Le Soleil. De plus en plus, je me dis que plusieurs journaux "papier" ne passeront pas l'année.

Ce passage de l'imprimé au Web soulève plusieurs enjeux abondamment discutés dans les médias car les médias aiment parler d'eux-mêmes, c'est normal.

  • Sur la Toile, la qualité de l'information sera-t-elle au rendez-vous?
  • L'analyse et les dossiers d'enquête cèderont-ils leur place à des entrefilets et à une abondance de commentaires de "journalistes citoyens"?
  • Y a-t-il encore un avenir pour l'information régionale, cette information qui peut parfois constitué un moteur d'engagement ou de mobilisation?
  • Que deviendront ces journalistes du Web a qui on demande de rédiger un article, de prendre des photos, de tourner des vidéos et de nourrir un blogue toujours plus vite et sans faire de fautes en plus?
  • Comment faire vivre cette nouvelle sur le Web qu'on nous sert gratuitement mais qui coûte pourtant cher à produire?
Quelques citations sur le sujet tiré de l'article d'Agnès Gruda:
«Le problème, c'est que nous n'avons pas encore trouvé comment le web peut générer assez de revenus pour soutenir le type de journalisme qui se pratiquait jusqu'à maintenant.» (Sam Shulhofer-Wolf, professeur de journalisme à l'Université de Princeton)
"Les médias de masse, c'était l'affaire du 20e siècle. Aujourd'hui, la tendance est plutôt à l'information sur mesure: chacun va chercher ce dont il a besoin. Et perd un peu du reste..." (Florian Sauvageau, expert québécois des médias, aussi cité par Gruda)

"Mais à l'heure de l'information cafétéria, où chacun ne se sert que les plats qui correspondent à ses goûts, quels médias auront les reins assez solides pour financer de grandes enquêtes et mettre au jour de gros scandales? Et s'il n'y en a plus, à quoi au juste serviront les journalistes?" (Agnès Gruda)
Du divan à l'écran?

Bien que très intéressé par ces réflexions sociologiques, je suis touché par le problème de façon très égocentrique. J'éprouve une profonde nostalgie en songeant que je devrai trouver une nouvelle incarnation à mon plaisir du samedi matin, 9h : plonger dans mon journal avec une tasse de café couché sur un divan la tête dans l'actualité. Ça salit les doigts un journal? Certes, mais c'est pas cher payé pour être transporté dans une foule d'univers!

Internet le fait aussi bien et davantage, me direz-vous. Mais je ne peux pas me résoudre à lire mes nouvelles assis devant mon ordinateur de table. Achetez un portable pour continuer à m'informer "évaché"? M'abonner à l'édition électronique de mon compagnon du samedi? Je devrai sans doute m'y résoudre.

Et savez-vous quoi? Je me suis découvert un côté "carré"! J'aime être encadré, limité, balisé. Un journal, ça quelque chose d'exaustif, un début et une fin. On a beau commencé par le cahier A ou celui du cinéma, la démarche est la même: on tourne les pages jusqu'à ce qu'on les aient toutes lues!

Sur Internet, la lecture est toute autre: un hyperlien en entraîne un autre, on bondit de sujet en sujet, sans plan prédéfini, en se perdant souvent dans l'abondance. Mais n'est-ce pas la richesse de ce médium?

Je me révèle donc bien vieux jeu pour un conseiller en communication dont le travail ces temps-ci consiste à revoir les contenus d'un site Internet. Utilisateur quotidien du Web, je n'ai pas encore acquis les réflexes de N. qui s'empresse de consulter la Toile pour en savoir plus sur le mode de cuisson des bok-choy, saisir dans Google le nom latin des plantes vertes que nous tentons de préserver dans le but d'obtenir des conseils sur leur entretien ou tirer profit de l'expérience de rénovateurs virtuels dans l'espoir de choisir le produit magique qui redonnera du lustre à notre plancher de bois franc.

J'exagère un peu, mais je m'appuie quand même encore sur un guide de voyage traditionnel pour planifier ma prochaine expédition outre-Atlantique. Besoin de circonscrire l'information pour mieux la traiter, encore une fois...

Un conférencier entendu dans le cadre de mon travail distinguait les immigrants des natifs du Web, cette génération que l'extraordinaire outil de communication qu'est Internet a accompagné tout au long de ses études, du primaire à l'université. Ces jeunes devenus travailleurs réseautés, multitâches et multiplateformes qui ne se sont jamais limités dans leur utilisation de cet outil à l'envoi de courriels ou à la recherche d'un numéro de téléphone dans Canada 411.

Qui sait si la frontière séparant ces 2 générations ne s'établit pas quelque part entre 31 et 33 ans?

dimanche 29 mars 2009

À travers la souffrance


Ne cherchez pas dans le film Dédé, à travers les brumes du réalisateur Jean-Philippe Duval une "musicographie" du groupe Les Colocs dont André Fortin était le leader. Dédé... s'attache de façon prépondérante à celui qui fut non seulement le chanteur du groupe, mais aussi son "animateur", à sa forte présence au sein d'une formation en mouvement constant et dont les membres l'ont vénéré autant que détesté.

Dédé..., c'est aussi l'histoire d'une souffrance. D'abord inoffensive vaguelette sur une baie sereine, elle gonfle et gonfle portée par un vent lourd jusqu'à s'échouer violemment sur une plage abandonnée. Cette vague qui prend possession du cœur et de la tête de l'artiste pour le porter jusqu'au hara kiri fatal le 8 mai 2000 est au centre du film de Jean-Philippe Duval... qui comporte tout de même son lot de lumière.

Une œuvre en construction

À partir d'un fil conducteur, l'enregistrement du 3e et dernier disque des Colocs, Dehors novembre, le film rappelle le parcours musical et artistique d'André Fortin, depuis son départ de son lac Saint-Jean natal et son arrivée à Montréal. Étudiant en cinéma, Dédé voit dans la métropole un terreau fertile pour y planter sa création.

Au fil de ses rencontres avec des musiciens qui le charment par leur "groove" naissent Les Colocs, se nouent des amours difficiles à combler, se construit une vaste constellation d'influences qui marquent tantôt la forme, tantôt le fond du legs artistique du créateur. Coup de cœur pour la claquette ou le gumboot, danse africaine que l'on exécute avec des bottes de caoutchouc, découverte de la pauvreté et de la négligence, rupture, enracinement de son sentiment nationaliste, découverte de la francophonie africaine et de la musique "ethnique", l'œuvre des Colocs que semble transporter lourdement Dédé sur ses épaules prend naissance à travers ses nombreux retours dans le temps.

Sur la forme, le film est réussi. Aux va-et-viens entre le pénible enregistrement de Dehors novembre dans un chalet isolé en plein hiver, alors que des plans larges d'une froidure hivernale font écho à la solitude et au repli sur soi du personnage central, et les moments phare de la carrière de Dédé et de ses acolytes avec des scènes de prestation en spectacle particulièrement enlevantes, s'ajoutent quelques animations, dont une magnifique sur la chanson Belzébuth pour évoquer l'œuvre cinématographique d'André Fortin. Le montage est parfois fébrile, les décors ne font pas dans le glamour, mais plutôt dans l'authenticité. Ça sue, ça se néglige et ce n'est pas toujours propre!

Un film à apprivoiser

Au départ, Dédé n'est pas un film facile à apprivoiser.

On peine à s'installer dans ce chalet en désordre ou tout manque alors que débute l'enregistrement du disque d'un groupe qu'on imaginerait travailler avec davantage de moyens. Le réalisateur installe le malaise par des silences, beaucoup de vent. Puis les dialogues m'ont semblé un peu écrits. Après plusieurs minutes je me suis même pris à songer, "Coup donc, pourquoi il s'est suicidé, donc?" tant la douleur du personnage, le personnage lui-même en fait, semblait difficile à appréhender.

Mais voilà la force du film, celle de nous faire basculer lentement, sans effets trop appuyés, dans la souffrance de Dédé, dy 'avancer des explications sans jouer au pédagogue -la mort de l'harmoniciste Patrick Esposito Di Napoli membre de la première heure du groupe et frappé par le SIDA, l'incapacité de l'artiste à nouer une véritable relation amoureuse, la défaite référendaire de 1995, la pression et le poids du monde sur ses épaules- tout en nous rappelant combien cette souffrance a vraiment engendré de la bonne musique. Un petit bijou de scène : une mise en parallèle de la veillée funéraire aux accents bouddhistes de "Pat" par ses amis avec un monologue noir que Dédé enregistre seul, des années plus tard, pour le disque Dehors novembre, en évoquant ce moment.

J'imagine que connaître la musique des Colocs rend plus agréable l'expérience cinématographique. Le talent du réalisateur et la qualité du jeu de Sébastien Ricard, qui habite complètement son Dédé, font aussi le travail. Au final, je n'ai pas "communié" totalement avec le film, comme si une légère pellicule de verre m'en séparait encore, un je ne sais quoi d'un peu froid. Mais Dédé... est loin d'être un film qu'on oublie rapidement et Sébastien Ricard n'a pas fini d'abandonner ses potes de Loco Locass pour jouer sur scéne ou à l'écran.

dimanche 22 février 2009

Notes en bas de page


Un très joyeux anniversaire à mes cousines MHP et GP dont c'est l'anniversaire aujourd'hui. Et puis, avez-vous réussi à trouver une date pour ce souper de fête en famille? Avant la Saint-Jean-Baptiste, je veux dire...

Bonne fête en retard aussi- rassurez-vous, je le lui ai souhaité en personne!- à ma jeune maman de soeur, dont j'ai donné le boire à la jolie poulette hier soir! Il faut lever le biberon, Raphaël, pour que bébé ait accès à son festin...

Mais je m'écarte. Joyeux anniversaire à mon amie LC, enfin, pour qui, j'espère, le retour au travail se passe pour le mieux.

Il était une fois... mon bidonville


La 81e cérémonie des Oscars couronnera-t-elle ce soir comme meilleur film Slumdog Millionaire du réalisateur Danny Boyle? Lente, semble-t-il, à s'assurer un succès grand public à l'automne 2008, l'œuvre séduit depuis bien des cinéphiles et mériterait amplement la prestigieuse récompense, ne serait-ce que pour son scénario adapté du roman Les Fabuleuses Aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire de l'écrivain indien Vikas Swarup.

Tranches de vie

Participant pour une mystérieuse raison au quiz à grand déploiement Who wants to be a millionaire, le jeune Jamal Malik épate l'auditoire du jeu télévisé en répondant à des questions pourtant, juge-t-on, inaccessibles à un méprisable serveur de thé illetré des bidonvilles. Or, et c'est la force du roman-scénario, chacune des questions évoque un épisode de la vie de Jamal, une vie faite de souffrance, de douleur, mais aussi de solidarité dans l'épreuve.

C'est ce qu'offre de si substantiel, d'émouvant ou d'original le scénario de Slumdog... Une incursion souvent désespérante, parfois teintée des douces lumières d'un amour candide, au coeur des bidonvilles surpeuplés et croulants de misère de Bombay-Mumbai, métropole de l'Inde "victime" d'un développement économique anarchique dont les premières victimes sont justement leurs habitants sans ressources. Une incursion tantôt sale et poussiéreuse, tantôt pleine de couleurs ou de spectaculaire -magnifiques images du temple Taj Mahal envahi par les touristes ou d'un immense lavoir où se déploient draperies et tissus multicolores-, à hauteur d'enfants débrouillards, mousquetaires qu'habite un seul idéal : survivre, ensemble.

Plus de gris que de rose bonbon

Une vie au coeur de la misère et de la violence qui choque et consterne, donc, mise en scène avec brio par Danny Boyle et son équipe, qui donnent parfois à leur film des allures de photo-reportage ou de documentaire. Les scènes sont saisissantes, les jeunes acteurs touchant dans le malheur qu'ils incarnent, la musique ajoute du rythme et de la profondeur, ou encore cette palette de beauté dont se colore en toute fin une histoire plus grise que rose bonbon.

Slumdog Millionaire n'est pas "un beau p'tit film plein d'espoir" mais plutôt un voyage -que certains n'ont pas jugé authentique- dans une Inde grouillante dont plusieurs des habitants peinent à se tailler une place sous le soleil de l'expansion économique... ou les paillettes du royaume du cinéma sucré qu'est Bollywood, le Hollywood du pays de Ghandi.

Une sélection quatre étoiles

Je n'ai pas vu Frost-Nixon, le 5e film en nomination aux Oscars, mais les 4 autres oeuvres retenues à ses côtés dans la catégorie reine du gala du cinéma américain constituent selon moi d'excellents choix. Que me reste-il de...

The Curious Case of Benajmin Button (L'étrange histoire de Benjamin Button)

  • La beauté des images et des plans
  • Les effets spéciaux qui nous font oublier qu'ils sont des effets spéciaux
  • Cette douce lumière dans laquelle baigne une Louisianne post-ouragan Katrina
  • Cate Blanchett dansant avec grâce le balet ou s'excitant dans un bed-in festif avec Brad Pitt au son de la musique des... Beatles, il me semble?
  • Le lent mais pourtant cruel passage du temps
  • Cette métaphore du veillissement incarnée par le bébé que devient Benjamin en fin de vie

Milk

  • La force de caractère et l'empathie du militant campé avec assurance par Sean Penn
  • Les premiers regards entre Milk et son amant en début de film
  • Les teintes de sépia ou d'orangé des images aux airs de vieille camescope conduisant les 2 amoureux de New-York à San Francisco
  • Une scène magnifique, coup de téléphone au cours duquel l'amant devenu ex lui avoue sa fierté à quelques heures d'un destin cruel
  • L'ambiance joyeusement hippie qui infiltre le film
  • La musique si pertinente des Swingles Singers
  • Et bien sûr beaucoup de frustration à l'égard des défenseurs d'une proposition recommandant l'"éjection" des écoles des enseignants homosexuels pour qu'ils arrêtent d'apprendre aux jeunes à être gais!

The Reader (Le lecteur)

  • L'intensité du jeu de Kate Winslet et de son partenaire adolescent, David Kross, un talent fort prometteur qui éclipse dans le film son alter-ego adulte, le comédien Ralph Fiennes
  • La profonde tristesse qui pèse si lourd sur les épaules de ce jeune amoureux devenu avocat
  • "Les questions existentielles" post-projection, dixit ma tante D. dont j'ai beaucoup apprécié le commentaire : qu'aurais-je fait si j'avais été à la place de cette femme dont c'était tout simplement le travail de servir dans les camps de concentration? Trop facile de condamner avec violence quand on est né après 1950...

3 films à voir, donc, tout comme... À l'ouest de Pluton, mon film de l'année 2008 qui sort cette semaine en DVD. Peut-être ai-je un parti pris pour tous les films qui traitent de la jeunesse ou de l'adolescence, mais je vous assure que ce bijou de long métrage réalisé avec des "peanuts" vaut le détour.

lundi 16 février 2009

Ébranlé, mais pas touché


Voilà comment je me suis senti à la suite du film Polytechnique, du réalisateur Denis Villeneuve.

Rien à redire contre la mise en scène du film concoctée depuis longtemps par Karine Vanasse et son équipe, sans effets mélodramatiques, dans une sobriété relevée par plusieurs commentateurs :

  • le noir et blanc qui rend la ville, l'école, les victimes plus anonymes
  • des images qui confèrent à Montréal une laideur un peu sale en cette journée de neige timide, qui accentue le caractère clos de l'école Polytechnique
  • des scènes dures et saisissantes, particulièrement celle, bien sûr, où les garçons sont séparés des filles dans une salle de classe où l'horreur tient le premier rôle.
Dans ma tête comme dans celle sans doute de bien des gens qui ont eu le bonheur de ne pas se trouver à Polytechnique ce jour-là, le drame du 6 décembre 1989 a désormais ses images, celles de Denis Villeneuve.

Peu de prise à la réflexion

Il m'est cependant resté peu de choses à la sortie du film. Peu de matière à réflexion dans ce froid récit de la tuerie? Beaucoup moins en tout cas qu'à la sortie du film Elephant, du réalisateur américain Gus Van Sant.

Inspiré en partie de la tuerie de l'école Columbine, survenue en 1999 au Colorado, ce film lent m'avait habité durant plusieurs jours. Plus que Villeneuve, Van Sant prenait peut-être davantage le temps de camper les personnages de son drame, leur donnant une consistance qui les faisait aimer avant qu'ils ne deviennent victimes ou bourreaux. Je n'avais pu m'empêcher de ressentir une certaine pitié pour les 2 tueurs, adolescents rejetés que je revois s'embrasser avant de commettre leur crime, pour vivre cette expérience d'affectation au moins une fois dans leur vie...

Un film clinique

Cette émotion, le film Polytechnique voulait peut-être la susciter en présentant le parcours de 2 survivants. Quoiqu'en partie réjouissante, cette dernière partie du film évite mal le cliché alors que le personnage joué par Karine Vanasse rédige une lettre un peu convenue à la mère de celui qui a failli lui prendre la vie.

J'ai trouvé Polytechnique un peu trop... clinique, un corps qu'on dissèque avec minutie, une expérience qu'on raconte avec des faits, sans prendre partie.

Je me suis inquiété pour les parents des victimes qui ont vu le film : il me semble que leur douleur a dû se raviver en visionnant ces terribles images... Mon amie GB me disait que pour plusieurs, le film leur permet de se soulager d'un fardeau, d'un devoir de mémoire qu'ils étaient seuls à porter... Je leur souhaite. Effectivement, ce soir-là au cinéma, ce sont des jeunes, majoritairement des filles, de 18-19-20 ans qui venaient voir le film, par curiosité?

J'ai songé enfin qu'il s'agissait effectivement d'un film à voir, qui aurait peut-être gagné à être construit davantage sur les suites du drame que sur la tuerie elle-même, pour toucher davantage et comprendre l'impact de l'événement.

Auteur en hibernation!


Ai-je d'excellentes raisons pour justifier mon absence de ce blogue qui pourtant m'est cher? Aucune! Ma vie serait-elle devenue à ce point remplie qu'elle m'entraîne loin du clavier? Je mentirais si je répondais "affirmatif".

Du ski "éolien"

Qu'est-ce que je deviens, alors? J'hiberne, peut-être?

Quoique pas la fin de semaine, alors que CG et GL m'entraînent toujours dans leurs longues randonnées de ski de fond en me tirant du lit à 7h un samedi matin! Au fil des années, j'aurai compris avec elles que le froid, fut-il éolien, n'est pas un prétexte pour s'enfermer.

Ma plus belle sortie de ski cette année? Un 27 km au centre Le Refuge de Saint-Adolphe alors que le mercure frôlait les -20°C... par une magnifique journée ensoleillée parant les montagnes aux alentours d'une éclatante lumière. Cette lumière, quelques morceaux de chocolat noir au dîner, un récit d'un voyage à New-York dans la chaleur d'un refuge... ce jour-là, j'ai skié bien loin de mon quotidien !

Une coccinelle en cache-couche

Qu'est ce que je deviens encore? Je change mes premières couches et enfile à l'envers son pyjama à ma petite coccinelle agitée de filleule qui découvre Bébé Einstein, boit/mange toujours avec gourmandise et augmente sa vitesse de croisière dans sa balançoire!

Découvrir son bassin

J'oubliais... depuis 3 semaines, chaque mercredi soir, je fais la table, le chien, le chat, le singe ou l'enfant (voir l'image de ce billet) ! N'ayez crainte, je n'ai pas embrassé le théâtre expérimental ou entamé une session d'ombres chinoises : je suis des cours de yoga!

Peu familier avec mon bassin, j'apprends à découvrir cette partie de mon corps que ma prof tient en profonde estime et à partir de laquelle s'amorcent plusieurs des mouvements qu'elle nous enseigne. Bien caché entre les hanches et les fesses, ce redoutable bassin m'a peu interpellé à ce jour, lui qui pourtant peut être basculé, tordu, étiré, dressé et servir à bien d'autres choses sans doute!

Entre la posture du guerrier et celle de la mouette, je suis encore loin de maîtriser l'art de la respiration et j'ai parfois de la difficulté à visualiser ce que ma prof attend de nous, bien que j'apprivoise tranquillement ma colonne vertébrale...

Le collier de perles de nos vertèbres

Avez-vous déjà senti vos vertèbres s'empiler les unes sur les autres quand vous vous redressiez lentement? Un long collier de perles qui se déploie dans ce bruit de froissement si particulier? J'avoue avoir ressenti un léger haut le cœur l'espace d'une seconde en visualisant parfaitement cette section de mon squelette... tout en admirant l'impressionnante agilité de cette machine aux pièces savamment imbriquées qu'est notre corps.

Ésotérique, le yoga? Plutôt un reposant rempart contre les envahissantes bûches que ce foyer qu'est mon cerveau ne réussit pas toujours à brûler et qu'on s'acharne à lui refiler pour l'alimenter. Aperçu cette semaine sur une enseigne, le titre d'une pièce: "Je voudrais me déposer la tête". Oui, s'il-vous-plaît!

Réponse aux lecteurs....


... sur les commentaires concernant la pièce Le dragon bleu.

Merci à Seb de me rappeler à l'ordre dans son commentaire, merci surtout de continuer à me lire! Des journées difficiles au travail me conduisent au repli sur soi alors que je devrais au contraire me changer les idées par l'écriture! Et ce voyage sous le soleil, comment s'est-il déroulé??

David, tu seras peut-être aussi enthousiaste que la majorité des spectateurs présents au Grand Théâtre le soir où j'ai assisté à la pièce. Au fait, aurais-tu un blogue toi aussi?? La signature de ton commentaire semble l'indiquer...

mercredi 21 janvier 2009

Céder à la tentation du grandiose...


20 jours de silence, je suis gêné, honteux... Je tente ce soir de reprendre le contact avec vous, en espérant que vous ne m'aurez pas abandonné durant cette pause inacceptable.


Êtes-vous de ceux qui sont allés applaudir Le dragon bleu, la plus récente pièce de théâtre de Robert Lepage et de la comédienne Marie Michaud, mise en scène par Lepage lui-même? Sans doute suis-je un des rares, mais ce spectacle extrêmement attendu m'a laissé un peu sur ma faim...


Le dragon bleu raconte l'histoire d'un artiste québécois exilé en Chine -joué par Lepage-, qui tente, justement, de renouer avec son art, après des années d'investissement auprès de ses pairs à Shanghaï. Vivant une relation incertaine avec une jeune artiste chinoise, Pierre est également confronté au retour dans sa vie de son ex, Claire, que l'adoption d'un enfant conduit en Chine.


Moins de portes ouvertes sur l'imaginaire


Je me souviens avec nostalgie de 2 spectacles de Lepage que j'ai eu le bonheur de voir au cours des dernières années : La trilogie des dragons et La face cachée de la lune. Moments inoubiables! Dans ces 2 oeuvres, me semble-t-il, Lepage et son équipe ouvraient davantage de portes sur l'imaginaire, misant sur une mise en scène moins grandiose mais exploitant avec brio tout le potentiel d'accessoires dont la fonction se transformaient au gré des scènes : des patins chaussés par un couple d'amoureux devenaient soudain des armes chaussées par des soldats pour évoquer le potentiel destructeur de la guerre, une planche à repasser se métamorphosait en appareil d'entraînement, une sécheuse incarnait soudain la pleine lune, etc.


Dans Le dragon bleu, Lepage emprunte davantage au cinéma. Il utilise abondamment des technologies novatrices pour créer des images fortes qui ressemblent parfois à des effets spéciaux, mais montre plutôt qu'il ne suggère. La mise en scène, spectaculaire, ne sert pas toujours le propos -le dépassant, parfois-, propos qui manque un peu d'âme...


L'histoire de la plus récente production du créateur québécois est intéressante, mais moins complexe que certains récits auxquels il nous avait habitué, alors que s'entremêlaient parfois dans ceux-ci 2 ou plusieurs pistes, la conquête de la lune et la relation avec sa mère dans La face cachée..., dont on comprenait la relation à la toute fin de la pièce. Enfin, Lepage joue vraiment l'artiste un peu blasé, adoptant un ton monocorde sans beaucoup de nuances qui le suit jusqu'à la fin de la pièce, affectant quelque peu le rythme de celle-ci.


Le dragon bleu constitue néanmoins un spectacle novateur, qui se distingue évidemment, notamment par l'appropriation faite de plusieurs technologies, des pièces auxquelles j'ai assisté cette année. Un peu plus de travail sur le fond aurait permis d'apprécier davantage la forme...

vendredi 2 janvier 2009

Repentir...

Comme me l'a souligné N, j'avoue avoir été un peu dur dans ma critique du spectacle Salut 400e orchestré par la Société des fêtes du 400e anniversaire de Québec pour clore cette année mémorable. Mon texte a éclipsé l'agréable moment passé en famille. Ma déception devant le manque d'animation a de plus été amplifiée par ma frustration d'être bousculé par la foule au tournant de la nouvelle année. Un moment magique transformé en épisode inconfortable.

Je tiens à remercier et à féliciter le président et le directeur général de la Société des fêtes du 400e, messieurs Jean Leclerc et Daniel Gélinas, ainsi que toute leur équipe, pour la qualité de leur travail, leur loyauté et leur dévouement à leur ville et leur capacité de transformer une catastrophe annoncée en un succès largement médiatisé.

Merci aux bénévoles de ce 400e qui, jouant parfois un rôle ingrat, ont rendu possible la tenue des nombreuses activités grand public. Ceux de l'Espace 400e nous ont chaque jour accueillis avec le sourire, pressés de répondre à nos questions ou de nous orienter.

Chapeau, donc, à toute l'équipe de ce 400e anniversaire, qui a fait de Québec la ville de l'année, comme l'a justement souligné Véronique Cloutier lors du Bye Bye de Radio-Canada.

jeudi 1 janvier 2009

Réponse aux lecteurs


Merci à Gaston d'avoir pris le temps de publier un commentaire que j'endosse totalement à la suite de mon billet portant sur le Bye Bye raté.


À lire sur son blogue ancré dans l'actualité politique québécoise une analyse fort bien écrite sur le sens détourné de la fête du 400e anniversaire de Québec : ce que les paillettes des grands partys ont souvent réussi à éclipser...

Des souhaits pour 2009

Ma déception par rapport au spectacle de fin d'année Salut 400e et mon emportement face au Bye Bye d'hier -plus d'argent investi dans le cachet des artistes que dans les décors, costumes et maquillages et le talent des scripteurs- m'ont complètement fait oublier de vous souhaiter... une bonne année 2009!

Une année pleine de petits bonheurs : une partie de Quelques arpents de piège avec des amis apportent parfois bien plus de satisfaction qu'une réception mondaine dans un décor trop froid.

Une année de contacts avec l'art : des films, des pièces de théâtre, des livres, des spectacles imaginatifs, audacieux, percutants, donnent espoir en le potentiel humain et inspirent à leur tour le Beau.

Une année d'accomplissements : ces épineux défis qu'on se construit à coup de peurs mal venues, qu'on croit hors de notre portée et qu'on relève pour notre plus grand plaisir!

Une année d'amitiés : car la complicité, les rires pleins de sous-entendus et le réconfort de quelqu'un qui comprend son angoisse ou son anxiété valent chers, et pas seulement en période de crise économique.

Une année de découvertes : de l'appétit pour l'inédit, le surprenant, le différent, ce qui suscite d'abord la réticence avant de conduire à la satisfaction!

Merci à tous les lecteurs et lectrices de ce blogue qui me font toujours plaisir avec leurs commentaires oraux ou écrits.

Bonne année!

Un Bye Bye raté

Revenu chez nous le 31 décembre à minuit trente après une soirée de fin de 400e décevante, je souhaitais ardemment me réchauffer les pieds devant les émissions de télé de fin d'année de Radio-Canada.

Après la tiède et plus ou moins drôle revue de fin d'année de l'Infoman Jean-René Dufort, nous avons plutôt eu droit à un Bye Bye raté. Un show décousu, oscillant constamment entre un humour vulgaire et d'un goût douteux et de la variété rondement menée mais pas toujours pertinente. Les 10 premières minutes de l'émission illustrent à mon avis ce commentaire.

Le Bye Bye de Véronique Cloutier et Louis Morissette a décollé sur des airs endiablés de Gilles Vigneault, interprétés péniblement par Véro et quelques artistes de service, autour d'une table de cuisine typiquement québécoise -clin d'oeil au lieu de rencontre de nos familles, j'imagine?- sur laquelle des acrobates du Cirque Éloize se contorsionnaient à qui mieux. Ça se passait le micro à toute allure sur fond d'images d'archives d'une soirée canadienne mettant en scène Joël Legendre, l'un des invités (???), c'était soigneusement mis en scène mais quel était le message de ce numéro ultra-touffu? Le lien avec l'année qui s'achève? On ne savait plus où donner de la tête tout en essayant d'y décoder quelque chose.

Ont suivi des extraits d'une Véro giguant sur des scènes du Québec ou en compagnie d'artistes (re-???), puis voilà qu'on nous a précipite au coeur de la résidence de l'ex-gardien de but Patrick Roy et de son fils Jonathan qui a secoué tout le Québec à Pâques en bardassant pas à peu près le gardien de but Bobby Nadeau. Un sketch de mauvais goût qui, comme l'a souligné mon amie CD, a dû donner des frissons aux employés de refuges de femmes battues. C'était mal écrit et mal tourné, comme les sketchs qui ont suivi.

Tous étaient campés dans un décor cheap, mettant en scène des artistes aux maquillages mal exécutés, ponctués d'une flopée de sacres et écrits dans un style d'humour où la violence n'était jamais loin. À preuve cette militarisation de la crise de la listériose où des employés de bonne foi du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec transformés en soldats canadiens en Afghanistan mitrallaient littéralement des fromages d'artisan.

La présence de Julie Couillard et de ses "stivident" et un sketch pas pire sur l'année de Céline Dion -évoquée autour d'une partie de Cranium ridiculisant la journaliste Denise Bombardier devenue groupie de la diva- n'ont pas fait oublier le numéro "émotionnant" du coup de minuit où les souhaits d'artistes manquaient de convictions. La présence de Pierre Lapointe aurait pu être rafraichissante mais il a chanté un hit de... 2007.

La palme du ratage revient toutefois aux commentaires sur l'actualité de Louis Morissette et de l'un de ses co-scripteurs, Jean-François Mercier, qui ont poussé la démagogie jusqu'à comparer le premier ministre canadien Stephan Harper à un lobotomisé. Ça frisait le propos haineux. Quelqu'un à Radio-Canada a-t-il relu les textes?

Véro et son chum avaient pondu, avec beaucoup moins de moyens sans doute, une décapante revue de l'année il y a quelques années. Ils ont cette fois échoué à nous faire oublier les "dividus" de Clown Poirier et autres Sophie Tiboutte imaginés par Rock et belles oreilles depuis 2 ans.

Bon, fini le défoulement!

Ça devait être beau de Lévis...

Mon 400e s'est terminé comme il a commencé : par une longue et pénible soirée d'attente, vécue cette année au coeur de la Grande Allée à grelotter sur la terrasse chauffée du Voodoo Grill, dans l'espoir de contempler des feux d'artifices spectaculaires finalement à moitié cachés par la façade du restaurant Saint-Hubert. Le moment aurait pu quand même être agréable si je n'avais pas été perturbé par une foule névrosée qui ne songeait qu'à bousculer. Une fin de 400e égocentrique, où Québec s'est pétée les bretelles sur fond de coups de coude et de coups d'épaule pour s'approcher de l'épicentre... ou s'enfuir soigner ses engelures.

Récit d'une frigorifiante soirée qui tombe à plat.

Le party du dernier jour de l'année avait pourtant bien commencé à la table raffinée du Voodoo Grill, dont la finesse des mets et le charme des présentations me ravissent à chaque visite. Court mais endiablé solo de tamtams des musiciens invités, personnel prévenant, salle à manger un rien prétentieuse mais propice à la fête, du vin, une ambiance réussie quoi!

Le dernier service de la soirée nous précipitait toutefois hors de notre réconfortante tablée sous le fouet d'un facteur éolien de -28°C dès... 21h30. On nous promettait des DJ sur Grande Allée? Celui du bar Le Maurice attenant au Voodoo animait la terrasse de l'établissement, mais sur la rue la plus snob de Québec, un chansonnier faussant dans un grésillement sonore, une file d'attente à la discothèque Le Dagobert, des cafés Amarula au Saint-Hubert... et CFOM et ses tirages de ballades en mongolfières à proximité de la scène située juste devant les ruines du manège militaire emporté ce printemps. Et de la musique d'ambiance... un peu tiède. Le vin nous privant encore quelques minutes des ravages du froid, nous avons réussi tant bien que mal à nous endiablés un peu... avant de battre en retraite au Voodoo guetter le spectacle de 23h. Et croyez-le ou non, je me suis presque ennuyé du show de l'an dernier... car spectacle au moins il y avait!

Modérons d'abord nos transports pour souligner la logisique impeccacle déployée cette fois par l'organisation du 400e, sans doute hantée par le naufrage du 31 décembre 2007 : de véritables écrans géants, disposés à plusieurs endroits stratégiques, remplaçaient les télévisions 28 pouces, le son portait, on pouvait compter 1 toilette chimique par 100 spectateurs... ou presque et des policiers veillaient au grain.

Une logistique impeccable, certes, mais pas assez pour faire oublier le "pétage de bretelles" du spectacle final, durant lequel les 400 choristes rassemblés sur la scène du manège militaire ont finalement servi de faire valoir aux images, marquantes et magiques, il est vrai, des grands événements de l'année qui se termine. Mais regarder des images à -28°C, des images d'été où il fait beau et chaud en plus, c'est long en viarge! L'organisation du 400e avait annoncé un spectacle aux airs de regards en arrière : ce Salut 400e a rempli ses promesses! Mais pour quelqu'un comme moi qui souhaitait tromper le froid par de la musique festive, déception totale.

Comme à Time Square le 31 décembre 2005, alors que JC, SP, N et moi attendions dans une humidité glacée le coup de minuit loin du spectacle superficiel de Mariah Carrey divertissant tant que bien que mal la Grosse Pomme, comme au bar de chansonniers Chez son père en 2004 alors que l'établissement avait littéralement saboté sa soirée du 31 en dissimulant ses meilleurs chansonniers, je me suis pris à espérer avec impatience -et c'est un euphémisme- le fameux coup de minuit... vécu à quelques mètres du restaurant Le Grand Café. Et devinez quoi? Aors que grondaient les premiers pétards au-dessus des plaines d'Abraham, N, sa famille, CD et moi nous sommes surpris à être les rares "bedauds" de notre secteur à nous souhaiter bonne année!

On nous promettait un spectacle pyrotechnique qui embraserait toute la ville? Ça devait être beau de Lévis, dans un petit coin désert hors de la foule. À proximité du site principal du spectacle sur la place Georges-V, j'avais plutôt l'impression de manquer le show, comme si les feux d'artifices, très jolis tout de même, apparaissaient aussi décentrés de mon objectif que le visage du chef du Parti libéral du Canada Stéphane Dion dans sa mémorable adresse à la nation.

En 2008, je promets un retour aux partys traditionnels du 31... et plus jamais de spectacle qui n'en sont pas en plein air. À moins qu'on nous offre Mes Aïeux!