samedi 1 novembre 2008

Mon film de l'année


Mon film de l'année est québécois et a été tourné avec un budget de 15 000 $ à Loretteville, en banlieue de Québec, par 2 réalisateurs de mon âge.

Il possède l'authenticité de Junior, un documentaire québécois sur le hockey, mais il s'agit pourtant d'un film de fiction.

C'est un film sur les adolescents qui évite l'histoire de la fille-artistie-introvertie qui tombe en amour avec le joueur de football-king de l'école ou du nerds-collectionneur de papillons que remarque enfin la blonde fille de riche. Ou encore la trame déprimante de certains films d'ados construits sur fond des "tragédies" de l'adolescence : suicide, décrochage, anorexie, avortement, conduisant à l'inévitable rédemption.

Mon film de l'année porte un titre original : À l'ouest de Pluton. Et il m'a fait rire, m'a touché et surtout ébranlé comme il y a longtemps que le cinéma ne l'avait pas fait...

Authenticité

Réalisé par Myriam Verreault et Henry Bernadet -dont l'ex-professeure, la cinéaste Micheline Lanctôt, louait récemment le talent à l'émission de radio Christiane Charette, talent est un euphémisme-, À l'ouest de Pluton raconte une journée dans la vie d'un groupe d'adolescents d'une ville de banlieue. Pas la banlieue de Beautés désespérées, de Vice caché, de Beauté américaine ou de L'âge des ténèbres, là! La vraie banlieue, avec ses bungalows des années 1950 à 1980 d'avant les immenses constructions sévères à 2 garages, dans les rues desquelles on fait du skate, se promènent les bus scolaires et se déplace paresseusement le camion ramassant les bacs de recyclage le lundi matin.

Une journée dans la vie d'adolescents, donc, filmée comme un documentaire... mais pourtant pure fiction, avec des comédiens!! J'ai encore peine à y croire tellement ces jeunes incarnant des jeunes sont géniaux et tellement il se dégage de ce film une puissante authenticité -et je pèse mes mots :

  • Authenticité des comédiens : jamais je n'ai vu dans un film autant de jeunes acteurs de qualité: enfin des adolescents joués avec un naturel désarmant par des adolescents. Oubliez Watatatow, Ramdam et Kif Kif!
Est-ce parce qu'ils ont participé à définir les situations du film ou parce que les dialogues sont improvisés qu'ils jouent avec autant de sincérité??? Est-ce parce que cette histoire qui pourrait être leur propre vie les a rejoints au point de leur faire oublier la caméra? Que d'autres réalisateurs les recrutent au plus vite en tout cas au lieu de miser sur la carrière d'Alexandre Despaties...
  • Authencité des situations : les premières minutes m'ont littéralement catapulté dans mon adolescence. Les exposés oraux en français qui nous stressaient tant, mon passé de "militant" pour Amnistie internationale et ces heures de dîner à faire signer des pétitions pour des prisonniers politiques de Birmanie ou de Chine, les casiers, les pauses de 15 minutes entre les cours, les "petits" drames et les grands questionnements...
Je pourrais aussi mentionner l'authencité du décor et des dialogues auxquelles s'ajoutent d'autres grandes qualités de réalisation et des flashs géniaux, dont celui de camper les personnages dès le début du film par ce fameux exposé oral sur leur passion.

Drôle à souhait -pour nous-, cette épreuve -pour eux- nous permet d'appréhender les personnages et de s'y attacher. Car on s'attache profondément à ces adolescents, malgré leurs mauvais coups : ils sont spontanés, brillants dans leur discussion -sur la situation politique du Québec, la situation internationale, la réincarnation et la morte et touchant dans leurs angoisses ou leur mal-être.

Sa première fois dans un aréna

À l'ouest de Pluton donne naissance à plusieurs personnages forts...
  • Émilie, dont le party qu'elle organise pour se faire aimer dégénère, dans sa maison comme dans son âme, et accentue davantage sa solitude
  • Son frère violent avec elle mais dont on comprend plus tard la douleur
  • Jérôme, que son amour pour Kim rend taciturne et qui ne sait comment l'exprimer
Et de nombreuses scènes troublantes, dont celle mettant en scène Kim qui succombe pour un gars de la gang désireux d'aller plus loin que les baisers...

"J'ai un condom, ça adonne ben, hein?"
"He... J'sais pas là..."
"Quoi? T'as jamais fait ça?"
"Non, pas vraiment..."
"Tu vas voir, ça va bien se passer..."

Et Kim fait l'amour pour la première fois, sans trop le vouloir, dans un vestiaire d'aréna, avec un gars qui n'a pas l'intention de la revoir et qui met rapidement fin au romantisme après avoir obtenu satisfaction. C'est vraiment triste...

Je souhaiterais tellement que ce film soit vu, et qu'il soit vu particulièrement dans les écoles, pour que les adolescents se reconnaissent au cinéma, réalisent que le cinéma québécois a de quoi leur apprendre et surtout, qu'ils se félicitent de leurs bons coups, reconnaissent leurs travers... et apprennent à prévenir les quelques erreurs jalonnant évidemment le tumultueux parcours de l'adolescence!

Oui, c'est vraiment bon d'être ébranlé au cinéma... surtout quand ça se passe à côté de chez nous!

1 commentaire:

quesnel a dit…

Salut, c'est Kozue.
Ça va bien?
Est-ce que ta soeur a déjà accouché un bébé??????