Le vendredi 21 novembre dernier, un petit soleil de 7 livres presque 8 est venu éclairer ce mois de novembre qui en a bien besoin. Ma nièce et filleule Daphnée a vu le jour une semaine plus tôt que prévu et sans se laisser trop attendre à l'Hôtel-Dieu de Lévis, au grand dam de médecins et d'infirmières débordés, par une soirée plutôt achalandée au sein de l'unité mère-enfant! Magnifique petite boule quasi-silencieuse à l'abondant toupet que je me suis empressé de prendre lors de ma première visite le samedi suivant. Je suis objectif : il s'agit d'un bébé délicieusement attachant au teint bronzé de celle qui s'est joyeusement baignée dans une mer de pays chaud une semaine durant!
"Mononcle Raphaël"! m'ont lancé quelques amis et collègues lorsque je leur ai fait part de l'événement. Comment se sent-on quand on devient mononcle? On prend un bébé pour la première fois sans se faire prier, on craque pour des toutous en forme de panda au moment de payer le bouquet de fleurs qu'on souhaite offrir à la maman, on se débarrasse du coussin d'alaitement susceptible d'aider l'oncle à dorloter sa filleule naissante pour mieux la sentir sur soi et on lui chuchotte à l'oreille ce que les fées de nos contes de Disney devaient murmurer aux princesses à leur premier vol au-dessus du berceau...
Je m'attendais à être bouleversé, je suis plutôt heureux sans véritables élans de fébrilité, m'inquiétant un peu pour les parents quittant l'hôpital pour entreprendre une nouvelle vie à l'écart du temps qui régit le quotidien. Ils entrent dans une nouvelle dimension faite de boires, de dodos et de couches à changer! Et aussi de sourires furtifs qui, entre deux réveils, confortent la décision d'avoir donner la vie...
À la recherche de magie
Il y a des années où une forme de magie des fêtes me surprend en novembre, au détour des décorations sur la rue Cartier, des vitrines de Noël savamment élaborées de l'épicerie J.A. Moisan, sur la rue Saint-Jean, de chants ou d'airs connus entendus ici et là... Je me souviens de cette année 1994: en décembre, la chorale dont je faisais partie était allée animer une messe à l'occasion du réveillon de personnes démunies rassemblées par l'organisme L'Arbre de vie, à Rimouski. J'avais l'impression de semer un peu de cette magie de Noël qu'on galvaude tant dans les publicités, comme si elle pouvait s'acheter ou se maquiller.
Je n'ai jamais autant vécu cette magie que lorsque je chantais les joies et la nostalgie de cette fête au sein de chorales, lors de messes ou de concerts. Entre la frénésie des courses et le rythme effréné de préparation des repas de fête, il me semble que j'apportais réellement quelque chose aux gens, que je participais à un temps d'arrêt essentiel de réflexion sur le sens de la fête. Ou peut-être prenais-je tout simplement plaisir à chanter en choeur, quand ces fameuses 4 voix harmonisées nous surprennent au détour d'une clé de sol pour distiller l'harmonie!
Je me souviens aussi du film Réellement l'amour (Love Actually), le seul film de Noël qui m'ait jamais vraiment touché, avec ces histoires d'amour à plusieurs voix (amitié, famille, amour d'enfant, perdu ou enfin trouvé) jouées par de brillants comédiens (Emma Thompson, Hugh Grant, Colin Firth, etc.) et qui prenaient pour cadre le Londres d'avant Noël. J'étais sorti du cinéma le coeur léger alors qu'une neige romantique tombait paresseusement sur Québec, la totale!
Je continue d'aller à la messe le soir du réveillon et j'espère chaque année y trouver un je ne sais quoi qui me verra voir la fête autrement ou qui m'incitera à poser je ne sais trop quel geste. De la place de spectateur, les célébrations me semblent toujours froides et répétitives. Et la magie s'enfouit peut-être désormais sous ses parties de Docte Rat que l'on joue en famille avec beaucoup de plaisir ou sous les rassemblements des fêtes, tout simplement. Mais il me semble qu'il manque quelque chose...
Du merveilleux à l'écran?
Je pensais trouver un peu de cette magie de Noël dans le film Babine, du réalisateur Luc Picard, qui prenait l'affiche hier. Picarc confirme dans son 2e film qu'il possède un réel talent de metteur en scène : il a su créer, dans son oeuvre, avec peu de moyens, un décor fantastico-réaliste unique dans lequel les mots de Fred Pélerin se posent sans accrochage. La langue particulière du conteur passe le test de l'écran et les comédiens qui s'y frottent -Picard lui-même, Vincent-Guillaume Otis, Alexis Martin, Isabel Richer, Marie Brassard et bien d'autres- la déclament avec naturel, comme s'ils avaient toujours évolué dans ce village un peu étrange de Saint-Élie-de-Caxton perché en pleines montages au milieu de l'Ancien temps!
Seul nuage à l'horizon: bien écrit, le texte de Pélerin qui donne corps au film manque un peu de souffle et l'intrigue est prévisible. Si au moins l'histoire émouvait davantage... Il manque ce fameux "petit supplément d'âme" pour insuffler une réelle touche de merveilleux à ce village et à ses habitants pourtant bien pourvus en personnages insolites et en scènes du quotidien à l'écart des sentiers battus.
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