dimanche 16 novembre 2008

Novembre est définitivement propice au rattrapage littéraire


Le mois de novembre 2008 me semble particulièrement morose. Non pas en voie de provoquer chez moi une dépression saisonnière où l'urgence de m'asseoir sous une lampe solaire, loin de là, mais tout simplement... morose, entachant le paysage de sa grisaille jusqu'à transformer le beau en banal, le lumineux en chose commune.


Toute cette pluie et cette noirceur précoce, en plus de me faire rêver de neige abondante et de randonnée de ski de fond, mettent la table à de multiples séances de ce rattrapage littéraire amorcé durant mes vacances estivales. Ma tante D me suggérait en avril une "chronique" sur la trilogie Millénium de l'auteur Stieg Larsson : la voici!


Gâté par mes amis à ma fête, j'ai eu le bonheur de plonger dans la lecture du 1er volume de la collection au moment où le soleil déclinait. J'ai abordé le 2e à l'orée du changement d'heure... et l'ai conclu cette semaine, en pleine froidure!


Perplexe d'abord, au tome 2 je dévore!


Que dire d'abord de Millénium, sinon qu'il s'agit d'un magazine de gauche animé par 2 des héros de la saga soucieux d'alimenter le débat public. La revue publie des articles d'enquête sur des sujets lourds de conséquence. Soulignons le caractère particulièrement percutant de ces titres, tiens : si Les hommes qui n'aimaient pas les femmes ne révolutionne pas nécessairement le genre, La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette -en plus d'inspirer au journaliste Denis Lessard une analogie avec Mario Dumont- et La Reine dans le palais des courants d'air font plutôt dans l'inédit! Moi qui éprouvais tellement de difficultés à "titrer" mes articles quand je pratiquais le journalisme à la pige ne peut m'empêcher d'admirer l'audace de ceux de Larsson.


Le 1er volume de l'oeuvre m'a laissé perplexe sur l'immense succès remporté par la série. Certes documenté et d'actualité -l'auteur, journaliste de métier, y proposait une critique du capitalisme sauvage- Ces hommes... ne m'a pas entièrement convaincu sur la pertinence du succès mondial remporté par la saga.


En effet, l'intrigue tarde à se mettre en place et lorsque son rythme s'accélère, elle tient en haleine mais n'étonne pas un lecteur habitué à se frotter aux polars. Quelle différence entre l'oeuvre de Larsson et celle de son compatriote Henning Mankell, par exemple, quoique celle-ci peut-être particulièrement déprimante avec sa pluie incessante et les tourments de son inspecteur...


Millénium 1, sorte de miroir ou de réquisitoire contre la violence faite aux femmes, mettait en lumière au final des crimes extrêmement violents et j'avoue en avoir un peu marre de tout ce sadisme dans mes récentes lectures de romans policiers. Le caractère profondément suédois de Ces hommes... -énumération de villes ou d'entreprises du pays d'Ikea ou de quartiers de sa capitale, Stockholm- m'a aussi surpris et a confirmé non seulement la pertinence de la mise sur pied d'un circuit consacré à Millénium dans la capitale suédoise mais aussi que Stieg Larsson s'inspirait largement de son univers et de celui de ses concitoyens, à l'opposé de J.K. Rowling, par exemple, dont le décor des aventures d'Harry Potter, quoique davantage britannique, adhérait à des fantasmes ou à un imaginaire universel.


Dans le 2e tome de sa trilogie, Larsson, tout en proposant une enquête policière plus classique -que voulez-vous, je suis parfois extrêmement conservateur- avec inspecteurs et leurs bibittes personnelles, articule son intrigue autour du fascinant personnage de Lisbeth Salander. Celle-ci se veut la Robin accidentelle du Batman Mikael Blomkvist, journaliste économique frondeur, ambitieux et séducteur plus conventionnel que sa comparse. En nous plongeant dans le passé de la jeune pirate informatique, l'auteur fait mouche : la trame du roman est passionnante et solide et le personnage définitivement plus consistant que dans le 1er tome. J'ai aussi compris que l'écrivain avait définitivement besoin d'un tome 1 pour bien camper l'histoire du 2e. Et me voilà déjà accroché au 3e tome...


Bien content de ne pas avoir à le laisser de côté pour profiter des belles et chaudes soirées de juillet!


Et pour sortir du douillet cocon...


Quelques sorties cuturelles en vrac pour pimenter ce morne moment de l'année.


À Québec, jusqu'au 22 novembre, la pièce de théâtre Regards-9, au Théâtre de la Bordée, un exercice à la fois jouissif pour le spectateur et extrêmement exigeant pour les 6 comédiens.


Le théâtre a commandé 9 courtes pièces sur Québec à 9 auteurs de la capitale -Robert Lepage et Anne-Marie Olivier, entre autres- ou d'ailleurs sur le thème de la rencontre, thème des célébrations du 400e anniversaire. Chaque texte comporte 2 mises en scène. Tout au long du spectacle, le maître de cérémonie demande à un membre du public de choisir une pièce -sur un total de 7- et une des 2 mises en scène. Les comédiens,. visiblement nerveux, disposent d'une seule minute pour aménager le décor, enfiler leur costume... et mettre la main sur leur première réplique! Chaque soir donne lieu à un nouveau spectacle. Les textes sont inégaux mais certains, donc celui d'Alexis Martin, sont savoureux. Demandez la Rencontre fantastique!


Génie ou superficiel?


À Montréal, jusqu'au 18 janvier 2009 au Musée des Beaux-Arts, l'exposition Warhol Live, sur cet artiste touche-à-tout qui émerge à la fin des années 1960 comme un maître du métissage et de la culture pop. L'expo explore l'influence de la musique et de la danse sur l'oeuvre d'Andy Warhol, qui a signé une cinquantaine de pochettes de disques en plus de peindre ces fameux portraits colorés un peu naïfs de John Lennon et de plusieurs artistes, ainsi que des bouteilles de coke et des boîtes de soupes Campbell. Mise en scène efficace, beaucoup de couleurs et d'ambiance, mais 1 question : sinon que d'encourager le mélange des disciplines, quelle a été la véritable contribution artistique d'Andy Warhol? Il m'est apparu un peu superficiel...


Un film, enfin, Le mariage de Rachel (Rachel getting maried), le récit d'une ex-junkie, Kym, quittant sa cure pour assister au mariage de sa soeur. À peine remise sur pied, elle fait face à la surprotection des membres de sa famille mais surtout à la profonde amertume de sa soeur Rachel que la "maladie" de Kym a souvent reléguée au second rang dans une famille marquée par un drame terrible. Un film dur, fort bien interprété, mais qui ne tombe pas dans le mélodrame. Et il y a le mariage, secondaire, mais à l'opposé des cérémonies qu'on nous présente habituellement au cinéma ou à la télé! Place à la musique hawaïenne et à la marche nuptiale rock!


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