mardi 30 décembre 2008

Le 400e des petits événements


Que retenir de cette année du 400e anniversaire de Québec au cours de laquelle les gens de la capitale ont repris confiance en eux-mêmes, comme l'a claironné notre maire hyperactif? Qu'effectivement, je pense, les gens de Québec ont repris confiance en eux-mêmes, en leurs moyens, en leurs talents, et qu'ils se sont découverts le goût de participer... et de réapprivoiser leur centre-ville par la même occasion!




Certes, les propos entendus au coeur des foules assistant aux divers événements n'étaient pas toujours des modèles de classe et plusieurs spectateurs bougonnant oubliaient parfois qu'ils assistaient à une activité gratuite... Mais nous avons été nombreux à ranger notre scepticisme dans le garde-robe de cèdre pour nous laisser aller à l'admiration et à la contemplation, notamment lors du grandiose feu d'artifices du 3 juillet.




Que retenir encore de ce 4e centenaire? Que ce n'est pas nécessairement dans les activités les plus spectaculaires que j'ai pris mon pied!




  • J'étais complètement crevé par ma journée d'attente debout quand Paul McCartney nous a salué de son "Bonjour toute la gang".


  • Le spectacle de Céline Dion, à l'exception de l'émouvant "Un peu plus haut, un peu plus loin" en duo avec Ginette Reno... et du numéro du Clan Dion (oui, oui!!), était somme toute assez ennuyant.


  • J'ai raté "Le chemin qui marche", spectacle techno haut en couleurs présenté à la baie de Beauport que je n'ai toujours pas visitée.


  • Le spectacle multimédia Kiugwe, concocté par des gens plein de talents de Wendake, s'est révélé extrêmement décevant par sa mise en scène mal ficelée et redondante. Une longue soirée froide de septembre!

Ce que je retiens du 400e donc?



  • La beauté et le pouvoir d'évocation des images du Moulin de Robert Lepage.


  • La visite du voilier fançais Le Belem.


  • Les 2 ou 3 bouteilles de vin dégustées dans un décor de La Rochelle sur la terrasse du Bistro SAQ dans un Vieux-port réaménagé.


  • L'animation de rue de l'Espace 400e, audacieuse et rarement banale.


  • L'interprétation de L'Ours, du groupe Tricot Machine, à la Grande Place de l'Espace 400e, tour de chant jouissif auquel s'est joint une fanfare et la mascotte Badaboum se déhanchant sous une pluie de confitis.


  • Ma première exploration de la promenade Samuel-de-Champlain par une journée de soleil -oui, il y en a eue!- cet été.


  • Un des rares articles du quotidien montréalais La Presse traitant du 400e et se pâmant littéralement sur la capitale en la comparant en une métropole tristounette, sans projet et malpropre.


De courtes ballades, de petits clins d'oeil, sans flaflas, dans une ville ravissante qui, au lendemain du spectacle de PaulMcCartney, s'est réveillée le sourire aux lèvres et le torse bombé.



Pour relire mes billets sur le 400e anniversaire de Québec, cliquer sur le libellé 400e dans la colonne de droite de ce blogue.



lundi 29 décembre 2008

Un oubli...

Dans mon billet Podium Cinéma où j'évoquais la qualité des films québécois sortis cette année, j'ai oublié Borderline, de Lyne Charlebois, qui m'a beaucoup touché en début d'année.

  • Pour cette histoire pleine de remous d'une fausse nymphomane mal aimée par un professeur de littérature et à la vie bordelique qui se laisse tranquillement apprivoisée par un intrus plein de douceur
  • Pour la performance d'Isabelle Blais qui, tout au long de ce qui a dû être un bien difficile tournage, se met à nu au propre comme au figuré
  • Pour le générique d'ouverture qui donne le ton au film avec cette chanson si évocatrice : I just don't know what to do with myself, qu'on a parfois envie de fredonner quand on se dit, effectivement, "que je sais plus trop quoi faire avec moi-même".

Un très bon film.

Ils m'ont passé sous le nez...

C'est le temps des fameux top 10 de fin d'année et les chroniqueurs de La Presse s'étant livrés à cet exercice ont cité parmi leurs films préférés de 2008 deux oeuvres québécoises que j'ai manquées:

  • Le Banquet, critique du milieu universitaire, qui sort en DVD cette semaine
  • et Tout est parfait, sur les conséquences d'un suicide chez les proches de la victime.

Il faut que je les rattrape en DVD.

Fête de bienvenue


Votre Noël a-t-il été paisible? douillet? tumultueux? animé? Le mien, comme l'a judicieusement noté mon paternel, fut celui de la naissance de Daphné! Sans "e" final, comme l'ai-je appris récemment de la maman...

Pas tant -ou pas seulement...- parce qu'on ne s'ennuie jamais de la contempler, la cocotte, qu'elle dorme en agitant ses menottes ou qu'elle chigne dans son petit bain incliné, mais puisque ce Noël 2008 fut celui de sa fête de bienvenue, rituel imaginé et préparé par mon père non pas pour remplacer un éventuel baptême mais pour souligner l'arrivée sur terre d'une joyeuse cocotte qui "nous fait tous changer de statut" -dixit encore papa.


Juste avant le réveillon et à quelques mètres du sapin de Noël -et non du sapin des fêtes ou de l'arbre de vie...-toute la famille immédiate de Daphné -parents, grands-parents, oncles et tante- se sont rassemblés pour lui offrir des souhaits particuliers. Mon "biblologue" de père s'est fait animateur pour réfléchir avec nous sur le sens à donner à la naissance et pour donner la parole à chacun sur le sens que prenait pour lui cette arrivée et sur ce qu'il souhaitait pour le bébé. Une fête toute simple, marquée par quelques toasts de champagne ou de punch, où chacun a parlé franchement.


Je ne renie pas le baptême, en autant qu'il revêt un sens non pas uniquement traditionnel mais spirituel ou religieux pour les parents qui le choisissent. Sinon, cette célébration où les parents, parrain et marraine ont encore parfois à renier Satan -!!!-, bref, parfois un peu "poussiéreuse" et qui peut mettre en scène plusieurs familles perd de sa signification. Mon oncle, diacre, anime des baptêmes qui font réfléchir et prend bien le temps d'expliquer chacun des gestes et symboliques de la cérémonie : ce ne sont pas tous les prêtres qui s'y consacrent.


Un peu comme cette messe de Noël formatée à laquelle j'ai assisté : les mêmes textes que l'an dernier, les mêmes chants aux mêmes passages de l'Évangile, la lumière qui s'allume alors que la chorale entonne Les anges dans nos campagnes. Je comprends le désespoir de certains prêtres voir soudain leur église s'emplir à craquer puis se vider aussi vite. Mais n'y aurait-il pas moyen de toucher un peu les gens présents?


Un coffre aux trésors pour la majorité


Je m'égare.


Deux de mes amis ont préparé il y a un an et demi une fête de bienvenue tout aussi réussie que celle de la petite Daphné pour souligner la naissance de leur fille. Après que les parents aient notamment expliqué le sens du nom qu'ils avaient donné à leur enfant, chaque membre des 2 familles a présenté un objet significatif pour lui qu'il a ensuite déposé dans une boîte. Ce véritable coffre aux trésors sera confié à la jeune fille à ses 18 ans. Une lettre des parents accompagnait également les objets de tout genre.


Qu'ai-je laissé dans la boîte? Le 1er roman de la série Harry Potter, un de mes meilleurs souvenirs de lecture... que j'ai bien hâte, d'ailleurs, de faire découvrir à Daphné avec quelques-uns des livres les plus marquants de ma jeunesse! Et la peinture aux doigts... et la plasticine... et le théâtre pour enfant!


Au cours des 2 fêtes, tous les invités se sont laissés aller sans retenue, avec beaucoup de simplicité. D'où la richesse de ces rituels de passage qui peuvent être aussi diversifiés que la personnalité, l'âge où la signification attribuée à la "parentalité" par celles et ceux qui l'organisent.

lundi 22 décembre 2008

Plus qu'une heure de cuisson...


Savamment dirigée par chef maman, j'ai terminé la préparation de mon premier cipaille ce midi, celui qui parfume en ce moment la maison familiale à Rimouski. Et vous savez quoi? Comme bien des recettes qui semblent inaccessible, concocter un cipaille se révèle finalement... à ma portée!

À condition que le boucher ait coupé les cubes de poulet, de porc, de boeuf ou de veau qui constituent la base du plat, que le fidèle voisin ait chassé pour vous le chevreuil qu'il a fait apprêter en steaks et que la pâte soit disponible à l'épicerie... Un jeu d'enfant!

Le secret? Faire mariner sa viande la veille de la préparation, dans un mélange d'oignons et... d'épices mélangées justement! Le lendemain, on n'a plus qu'à peler et couper les patates en cube et, pour la première fois de ma vie, rouler de la pâte! Un rang de viande, un rang de patates, un rang de viande, un rang de patate, la pâte, du bouillon de poulet et c'est parti pour 5 heures de cuisson!

Huuummm... et si on mangeait le cipaille ce soir, plutôt?

Notes en bas de page


Ce 22 décembre, celui qui fut mon premier patron à l'Assemblée nationale et devint au fil du temps un mentor et un ami célèbre son anniversaire au terme d'une année riche en émotions et en réalisations, dont le tirage exceptionnel de l'oeuvre monumentale Québec, quatre siècles d'une capitale. Cadeau qui fera le bonheur des passionnés d'histoire et de politique, en passant...


Un très joyeux anniversaire à toi, donc, JSP, un anniversaire qui prend cette année une couleur particulière avec ta toute récente retraite de l'Assemblée ce vendredi 19 décembre dernier. Une retraite émouvante au terme de 34 années de service inscrites sous le signe de la générosité, du dévouement et de la loyauté et d'une profonde admiration envers les élus, leur travail ainsi qu'envers le service public.


Cette retraite à venir sera remplie de projets, dont un premier outre-mer à venir à la fin janvier! Qu'elle soit heureuse, sereine, stimulante et te ramène souvent en ton alma mater professionnelle et en ce haut lieu gastronomique où nous avons pris plusieurs repas mémorables, cette chère Entrecôte Saint-Jean et ses profitéroles!

dimanche 21 décembre 2008

Podium cinéma


À quelques jours de la fin de 2008, mon podium cinéma -pour une année olympique!- demeure inchangé dans le peloton de tête, quoiqu'un petit nouveau fasse son arrivée en 3e position!

J'attribue une médaille d'or bien senti au remarquable film sur l'adolescence À l'ouest de Pluton, tourné avec peu de moyens mais tellement de convictions avec des acteurs dont l'authenticité désarçonne.

Médaille d'argent à un film beaucoup plus coûteux, où action et profondeur psychologique s'entrelacent avec brio et où un jeune acteur désormais plus de ce monde distille savamment le malaise grâce à une performance troublante : vous aurez reconnu The Dark Knight, 2e opus de la série noire des aventures de Batman. Décernera-t-on à Heath Ledger un Oscar posthume?

Médaille de bronze enfin au très inspirant Milk de Gus Van Sant, avec une mention spéciale pour la musique de Bach jazzé du film que N. a achetée en ligne et qui évoque dorénavant pour moi l'ambiance follement hippie du quartier Castro de San Francisco.

Québec : peu de succès mais de bons films

Le cinéma québécois aura aussi légué en 2008 d'excellentes oeuvres, qui n'ont pas eu tout le retentissement mérité :


  • le documentaire Junior, sur la réalité peu glamour des jeunes "hockeyeurs" de la Ligue de hockey junior majeur du Québec

  • le nostalgique Maman est chez le coiffeur -sur lequel je n'ai pas écrit-, imparfait récit d'une enfance bouleversée par le départ d'une mère mais ponctué de moments d'une authentique tristesse

  • Ce qu'il faut pour vivre, de Benoît Pilon, touchante rencontre entre un Inuit déraciné de force et le Québec des années 1960

  • Babine, évocation merveilleuse de l'univers de Fred Pellerin mise en scène avec imagination malgré un manque de souffle côté scénario.

Que nous réserve le temps des fêtes sur grand écran?


Peu de choses, il me semble!


J'ai peur d'être déçu par Le grand départ, comédie dramatique de Claude Meunier sur la 2e vie d'un homme dans la fleur de l'âge qui abandonne tout pour entreprendre une relation avec une femme plus jeune.


Quant à Valkyrie, récit du complot ayant failli conduire au renversement du chef nazi Hitler en 1944... Tom Cruise-le scientologue depuis en plus "sauté" sera-t-il à la hauteur?

Cipaille et autres sujets de congé


Me voici en stage à Rimouski, chez mes parents, dont l'hospitalité n'a d'égale que la générosité, pour apprendre à concocter le cipaille! Cipaille ou le tourtière? La terminologie n'est jamais claire pour distinguer le plat de cubes de patates, de porc, de boeuf, de veau ou de poulet, coiffé d'une pâte... de celui cuisiné par les gens du Saguenay. L'encyclopédie Wikipédia tranche cependant le débat! Décidément, on trouve de tout dans cette Encyclopédia libre...


Quoiqu'il en soit, ma mère opèrera auprès de son apprenti cuisinier de fils un transfert de connaissances culinaire à compter de ce soir, alors que s'amorcera l'opération "marinade" des viandes. Ça marine dans quoi, un cipaille? Aucune idée, mais c'est déééllliiiicieux! Et ça parfume une maison dans le temps de dire "feuille de laurier" au cours d'une lente cuisson qui se prolonge des heures durant. Je vous en donne des nouvelles...


Le raconteur d'histoires


Me voici donc à Rimouski pour écouler quelques jours avant Noël et faire une cure de sommeil sur le vieux divan-lit réconfortant du sous-sol. La fournaise à beau vrombir quelques fois durant la nuit, son ronronnement parfois digne d'un moteur à réaction me berce beaucoup plus qu'il ne m'agresse!


Débute avec les vacances un temps de retrouvailles, de repas et de lectures, entrepris sur l'autoroute 20 hier en écoutant les contes du spectacle Comme une odeur de muscles de Fred Pellerin! CB a eu la gentilesse de me prêter un magnifique coffret rassemblant 3 livres disques du prolifique conteur et scénariste du film Babine . Le 2e film de Luc Picard remporte un succès considérable au box office québécois ces jours-ci.


Le conteur et humoriste manie la langue française avec une adresse que j'admire, a définitivement le sens de la métaphore et de l'imagination pour 6, se perd rarement dans les nombreuses paranthèses dont il densifie ses histoires et possède le don d'insérer ici et là des leçons de vie jamais moralisantes qui nous inspirent quelques "Ahh!" approbateurs.


Reste-t-il encore des billets pour son prochain spectacle à Québec à la fin mai? J'hésite à acheter car peut-être serai-je... en Espagne à ce moment!!!


Musique de Noël


Autres accompagnements de Noël en cette période propice à la musique :


  • le très beau disque de Noël de la chanteuse de Kamouraska Claire Pelletier -la voix la plus pure du Québec!- dont les recherches jusqu'en France de cantiques inédits ont porté fruit et qui réussi presque à nous faire danser sur le classique Dans cette étable!

  • le disque du groupe rimouskois Univox de mon ami EL, dont les "Whisper Whisper" entraînants jouent en boucle dans mon cerveau ces jours-ci!

  • sans oublier le disque de Noël du compositeur de la musique de Charlie Brown, Vince Guaraldi, beaucoup moins mélancolique que le conte des fêtes du dessin animé...

Perdre la carte temporelle


Le temps des fêtes, c'est le moment de perdre la carte temporelle. D'oublier les jours -on est mardi ou mercredi aujourd'hui?- pour se raccrocher aux dates.


Ma façon d'appréhender le temps a changé depuis que je me suis joins en octobre 2007 à l'équipe de refonte du site Internet de l'Assemblée nationale. On aborde nécessairement le temps autrement quand on travaille sur un projet étalé sur une période d'1 an et demi...


Moi qui remplissais déjà une simple feuille de temps Excel depuis mon arrivée à l'Assemblée a dû ajouter à mes tâches du vendredi après-midi la saisie de mon temps consacré aux grandes activités du projet dans une application Web. Vendredi : 2 heures d'architecture, 1 heure de conception et de réalisation.


Depuis la mi-décembre, on nous gère d'encore plus près! Dorénavant, j'inscris pour chaque jour le temps accordé à la moindre activité! 1 heure pour rédiger les textes de la section Travaux parlementaires, 1 heure 30 pour approuver un scénarimage... Vous comprendrez qu'encore plus qu'au début de mes autres périodes de vacances, j'ai désésespérément eu envie de me débarrasser de ma montre pour 2 semaines hier matin!


Déception au pays des Ch'tis


Le premier vendredi soir des vacances, j'ai souvent envie de m'écrouler, de m'évacher, de m'affaler. Après avoir dégusté une belle surprise de N. -recette de pâtes à la Di Stasio-, nous nous sommes tapés le film Bienvenue chez les Ch'tis dont on m'avait tant parlé! Est-ce le vin rouge? Toujours est-il que je n'ai pas beaucoup ri et que l'histoire m'a semblé un peu simplette et prévisible, malgré des acteurs irréprochables et des personnages attachants.
Légère déception.

lundi 15 décembre 2008

Réponse aux lecteurs


Merci Seb pour ta suggestion de lecture.


Je me souviens avoir été captivé par l'histoire des bâtisseurs de cathédrale des Pilliers de la terre, oeuvre tout aussi violente et poussérieuse que le Moyen Âge qu'on imagine, mais aussi riche en destins exceptionnels.


Ça pourrait occuper bien des après-ski, ce Monde sans fin!

dimanche 14 décembre 2008

Hommage à un militant par accident


Le plus récent film du réalisateur hétéroclite Gus Van Sant, Milk, s'intéresse aux luttes menées dans les années 1970 par le militant Harvey Milk en faveur des droits civiques des homosexuels. Si la performance extrêmement sensible et vigoureuse de Sean Penn rend le personnage de Milk tout aussi vulnérable qu'admirable, le film de Van Sant, en concentrant son regard sur la période la plus marquante de ce militant et en évitant le piège de tout dire ou de tout raconter, donne naissance à un film à la fois captivant et percutant.


Militant... par accident!


Employé du monde de la finance new-yorkais, Milk célèbre ses 40 ans dans les bras d'un amant de passage... qui deviendra un amoureux marquant. Scott le convainc en effet de changer de vie et de prendre la route de San Francisco. Le hippie triomphe du yuppie! C'est dans cette ville californienne qu'Harvey deviendra militant par accident.


Accueilli froidement -c'est un euphémisme- par le président de la Chambre de commerce le jour de sa fondation d'un petit commerce de photos au coeur du Castro, quartier gai en devenir d'une des villes les plus "gay friendly" des États-Unis, Milk a recours pour la première fois au "gay power" pour tenter d'ouvrir les volets d'un secteur croulant encore sous les préjugés. Dès lors, son commerce se transforme en épicentre de toutes les batailles, tant sur le plan municipal que sur la scène californienne, jusqu'à l'élection de Milk au poste de superviseur (conseiller municipal) de Frisco en 1977... et à son assassinat par son collègue Dan White en 1978.


Un film convaincant


Qu'on soit intéressé par le sujet ou non, mentionnons d'abord que l'oeuvre de Gus Van Sant possède d'indéniables qualités esthétiques et artistiques qui en font un film extrêmement convaincant :


  • reconstitution soignée et crédible de la "décennie hippie" tant dans les décors que le choix des costumes, des accessoires ou de la musique

  • montage et narration rythmés épousant la fébrilité et la vivacité du personnage de Milk, dont l'énergie et le charisme séduiront une joyeuse bande fidèles qu'il ralliera en faveur de ses combats pour les droits des gais

  • intégration réussie et jamais incongrue d'images d'archives

  • acteurs enthousiastes et touchants d'humanité, à commencer par Sean Penn, bien sûr, mais aussi l'étonnant James Franco -le beau gosse des Spider Man- dans la peau de l'amant, Scott, que les constants échecs politiques de Milk finissent par désabuser mais dont on croit à l'amour qu'il porte tout de même pour cet amant hors normes.

D'un point de vue gai, le film fait connaître un personnage exceptionnel qui, sans violence, mais avec beaucoup d'humour et de détermination, renie la clandestinité et la facilité des amours discrets pour embrasser l'espace public, avec toutes ses conséquences : vie personnelle tourmentée, menaces, et bien sûr, assassinat.


Ce n'est pas tant celui-ci qui choque -quoique le verdict d'homicide involontaire, auquel ne fait pas écho le film, provoque de violentes émeutes-, car il semble plutôt le résultat des positions politiques de Milk vis-à-vis son assassin et collègue Dan White que de son orientation sexuelle.


Ce qui m'a secoué, c'est plutôt l'ampleur des batailles qu'a eu à livrer Mik. Certes, l'activitste s'est employé à convaincre les homosexuels de sortir du placard, pour qu'enfin les hétéros qui les entourent réalisent qu'ils connaissent eux aussi des gais et changent leur regard sur cette minorité. Il s'est aussi démené pour faire adopter une loi en faveur des droits des gais au conseil municipal de San Franscico. L'essentiel du film illustre cependant son combat contre une proposition supportée par un puissant sénateur conservateur et une animatrice de télé bigote en faveur -tenez-vous bien- du congédiement des écoles des professeurs homosexuels par crainte qu'ils "enseignent" l'homosexualité aux enfants et commettent sur eux des agressions sexuelles.


L'héritage d'Harvey Milk


Je suis loin de penser que les gais se fondent aujourd'hui parfaitement au sein de la majorité. La découverte de l'homosexualité demeure encore, je pense, la principale cause de suicide chez plusieurs jeunes hommes. Au Québec, vivre son homosexualité en région ne doit pas toujours être une partie de plaisir. Rare sont les sportifs qui s'affichent comme gai. On vient de voter pour un retour à l'interdiction du mariage gai en Californie, pourtant la terre d'Harvey Milk!


Or, depuis plusieurs années - La vie la vie notamment a été diffusée en 2001 et 2002- nos séries télévisées, nos films et nos pièces de théâtre mettent en scène des personnages homosexuels sans qu'ils soient nécessairement "grandes folles" ou "sidéens": des gais humains, tout simplement! Nous avons élu des députés affichant leur homosexualité -Harvey Milk était en 1977 le premier élu ouvertement gai aux États-Unis- et ces derniers ont voté au Québec en faveur du mariage des homosexuels et de l'adoption pour ces couples 2002. La bataille pour une reconnaissance complète des droits des gais n'est pas terminée, mais elle a beaucoup cheminé au cours des précédentes décennies.


Grâce à des gens comme Harvey Milk, effectivement, auquel je n'ai pu m'empêcher de dire merci en prenant connaissance de sa éprouvante biographie sur grand écran. Et de me dire égoïstement que la vie est bien facile pour moi en 2008...


Trilogie inégale


J'ai terminé il y a quelques jours la trilogie policière Millénium dont je vous avais parlé dans un billet précédent. Je révise mon jugement: cette trilogie est définitivement inégale. Un premier roman lent à décoller, un deuxième vraiment original à l'intrigue parfaitement orchestrée, un troisième... s'étirant définitivement en longueurs et multipliant les personnages inutiles. La fin, quoiqu'enlevante, est prévisible.


Je m'ennuie déjà de ces longues sagas, par exemple, à la Harry Potter et dans la lignée de la Croisée des mondes. En auriez-vous une à me proposer?