mercredi 6 mai 2009

À la rencontre d'Amadeus




Brève mais agréable virée montréalaise, en fin de semaine dernière, pour assister, à la suggestion de N. le mélomane, à une représentation de la pièce Amadeus, de Peter Shaffer, à l'affiche du Théâtre Jean-Duceppe. Cette pièce est à l'origine du film du même nom, une œuvre de Milos Forman lauréate de 8 oscars en 1984... qui débutait par la symphonie no25 de Mozart que vous entendrez en cliquant sur la vidéo précédant ce billet.

Outre l'occasion de vivre une première expérience au théâtre dans la métropole -quoique la salle Octave-Crémazie du Théâtre du Trident de Québec n'ait rien à envier à la résidence de la Compagnie Jean-Duceppe-, j'étais curieux de découvrir comment le texte ayant inspiré l'exubérant film de Milos Forman pouvait vivre dans le cadre beaucoup plus dépouillé d'une scène. René-Richard Cyr signait la traduction en français et la mise en scène de la pièce, qu'il a, dit-il, épuré de certains personnages, tandis que les comédiens Benoît McGinnis et Michel Dumont défendaient les 2 rôles principaux.

Une relation amour-haine

Amadeus raconte la relation amour-haine qui se noue entre le jeune compositeur Mozart, musicien tout aussi surdoué que frivole aux idées révolutionnaires, et le compositeur Antonio Salieri, conservateur épris de morale ayant sacrifié sa vertu à Dieu pour que le Créateur fasse de lui un compositeur reconnu et acclamé. L'arrivée de Mozart à la cour de Vienne en 1781 bouleverse les plans de Salieri, qui se détourne de Dieu pour provoquer sa chute de son rival.

René-Richard Cyr a su admirablement condenser la pièce de Shaffer pour en retenir l'essentiel, la déchirante jalousie qui anime Salieri à l'égard du prodige qu'est Amadeus. Le texte est sobre, agrémenté, comme dans le film de Forman, de la magnifique musique de Mozart.

Dans le rôle de Salieri, Michel Dumont m'a semblé manqué un peu d'intensité et d'expression, lui dont la vie bascule pourtant à l'arrivée du jeune Mozart à la cour de l'empereur. Benoît McGennis incarne un Mozart beaucoup plus étincelant, dont le caractère volage est accentué par ses costumes criards. Un tête-â-tête intelligent mais qui se révèle un peu trop froid, dans une mise en scène somme toute classique sur une scène sombre ayant peut-être contribué à éteindre quelques ardeurs.

La pièce de l'année

Amadeus demeure néanmoins la meilleure pièce que j'aie vue au terme d'une saison théâtrale passée cette année au Trident. Une première... qui ne sera sans doute pas répétée.

Doté de beaucoup de moyens, la compagnie a programmé des pièces variées qui m'ont laissé généralement... indifférent. Une nouveauté de Robert Lepage dans laquelle la forme dominait le fond, une pièce de Claude Gauvreau dont l'écriture à la limite de l'absurde m'a endormi et le personnage de Don Juan revisité par Éric-Emmanuel Schmitt, qui fait du héros un... homosexuel, marqué par une seule vraie relation amoureuse, masculine, à laquelle on ne croit pas du tout. D'autant plus que Don Juan était incarné par un comédien dénué de tout charisme.

J'aime le théâtre.

Le croisement d'une pièce bien écrite et près de mes préoccupations, de comédiens dont le jeu frise l'authenticité et d'une mise en scène originale qui exploite l'imaginaire plutôt que de tout montrer peut me toucher davantage que bien des films. Devrais-je magasiner mes pièces plutôt que d'offrir toute ma saison à un seul théâtre? Expérimenter de nouveaux lieux de diffusion, Le Périscope ou Première Acte, que je n'ai jamais fréquenté assidûment? Est-ce qu'à force de voir trop de pièces on devient trop blasé? Je ne peux pas le croire!

Comme les livres qui m'ont marqué, je me souviens encore avec bonheur de pièces qui m'ont émerveillé ou bouleversé, comme La trilogie des dragons de Robert Lepage ou Forêts de Wajdi Mouawad. Le théâtre peut être un médium extraordinaire...

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