dimanche 10 août 2008

Participer sans toujours gagner


Alors que les médias n'en auront généralement, au cours des prochaines semaines, que pour les médaillés -et encore là, souvent ceux d'or...- des Jeux olympiques de Pékin, se désolant d'une quatrième et parfois même d'une troisième ou d'une deuxième place pour un "espoir de médaille", le plus récent film du réalisateur Francis Leclerc, Un été sans point ni coup sûr, rappelle combien il peut être agréable de pratiquer un sport pour lequel on se passionne dans un climat de saine compétition, où l'on valorise non pas la victoire mais l'effort et la persévérance.


N'ayez crainte, le film n'a rien d'une oeuvre moralisatrice! Il insiste cependant sur certaines valeurs -avec nuance, sans les souligner à grand trait- dont on a parfois tendance à se départir en cette société couronnant la performance individuelle et la réussite du "moi". Je pense ici à la solidarité, à la discipline, à la détermination... et à l'amitié!


Mieux encore, Un été... dresse le portrait d'une réussite d'équipe -et non d'individus-, celle de jeunes mordus du baseball malencontreusement réunis par leur exclusion de l'équipe de baseball A de leur paroisse en cet été 1969... celui où l'homme marche sur la lune. Enthousiasmé par la venue, cette année-là, d'une équipe de baseball majeur à Montréal, les Expos, le personnage principal du film, Martin, n'hésite pas à y voir un événement historique qu'il intègre à sa vision d'un monde qui change et de la perte d'une certaine inscouciance.


Le scénariste -et romancier- Marc Robitaille, auteur d'Un été sans point ni coup sûr, avait pondu il y a quelques années le scénario du film Histoire d'hiver, autre film familial portant cette fois sur le hockey de la fin des années 50 ou du début des années 60. Il y poursuivait la même démarche, celle d'esquisser, à travers un adolescent vouant cette fois un culte à Maurice Richard, un véritable portrait de société: la domination des Canadiens-français de l'époque par les anglophones, l'infériorité économique des premiers, la transposition de cette bataille sur la patinoire, et ce, à travers quelques personnages bien ciblés.


Robitaille reproduit cette approche dans le plus récent film de Francis Leclerc en mettant cette fois en perspective un certain conservatisme social -le père de Pierre-Luc- et un profond désir de changement -incarné par sa mère, fan des Rollings Stones refusant de s'enfermer à la maison et cherchant à travailler.


Cette démonstration de "belles valeurs" collectives, cette "photo de famille" attachante de la société québécoise du début des années 1970, un texte bien écrit, des acteurs visiblement à l'aise dans leurs rôles, tout cela donne un film parfois très touchant, tout autant qu'amusant, un match cinématographique dont on suivra aisément et avec beaucoup de plaisir chacune des manches!

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