- mon premier 5@7 littéraire Québec se livre jeudi soir dernier, un rassemblement de passionnés du livre de la capitale et d'ailleurs se réunissant sur une base régulière sous l'impulsion des Éditions du Septentrion
- les échos de la première édition du festival littéraire Québec en toutes lettres qui débute cette fin de semaine
- l'introduction de la session parlementaire 1957-1958 que j'ai reconstituée à mon arrivée à l'Assemblée nationale en 2000 et qui sera publiée dans quelques mois chez Septentrion à l'intérieur d'un recueil d'histoire parlementaire du Québec (je dois d'ailleurs trouver un titre à cette introduction...)
sonnent comme autant d'appels à la reprise du clavier!
Mon sujet? Une revue culturelle des dernières semaines.
John Lennon sur les hormones
Lancé en décembre 2009 au Royaume-Uni, Nowhere Boy (Il était une fois John, en français) de Sam Taylor-Wood, a enfin fait son apparition hier (15 octobre) sur nos écrans. La bande-annonce enlevante que je visionne depuis des semaines ne trahit pas ses promesses!
Nowhere Boy se révèle en fait une comédie dramatique classique sur un sujet qui l'est moins: la genèse artistique de John Lennon. Le Beatle au destin tragique est incarné par un Aaron Johnston -dont j'ai fait la connaissance en avril dernier sous les traits du superhéros raté Kick Ass-, survolté, charismatique, complètement habité par son personnage.
Élevé par une tante -en apparence- froide et rigoriste, le jeune John découvre l'identité de sa véritable mère au cours d'une période plutôt bouleversante de son adolescence et s'initie à la musique au contact de cette femme sensuelle, épicurienne et pleine de vie. Séduit par la musique d'Elvis Presley qu'elle lui fait connaître, le jeune John décide de fonder un groupe de rock et poursuit son apprentissage de la guitare grâce à un Paul McCartney un peu féminin. Le véritable Paul n'aurait pas aimé le film, paraît-il: je comprends pourquoi!
Artistiquement stimulé -c'est mon interprétation- par les émotions découlant des réponses qu'il obtient à mesure qu'il reconstitue le casse-tête de ses origines, John se lance dans la musique à corps perdu tout en tentant de composer avec l'abandon dont il a été victime. Aaron Johnston excelle tout simplement à jouer l'artiste au leadership incontestable qui porte son groupe à bout de bras tout en jalousant le talent de ses comparses John et Paul et l'adolescent déchiré par la vérité qu'on lui balance. Il se déhanche et se donne à fin sur scène, intégrant sans retenue l'influence d'Elvis, notamment dans la danse, sur l'adolescent joueur de banjo, puis de guitare.
Devant un John viril à souhait, les autres futures Beatles paraissent plutôt freluquets à cause de leur apparence physique, Paul, Georges et Pete Best s'effacent complètement devant leur leader. Est-ce voulu? Ce casting a quand même de quoi surprendre.
Vous l'aurez deviné, Nowhere Boy est un film de musique -on est transporté par les airs de rock fin années 50 qui ponctue toute la trame du film- et d'acteurs. Kristin Scott Thomas, que j'adore, joue encore juste le personnage de la tante Mimi, qu'elle aurait toutefois pu développer davantage si le scénariste lui en avait laissé la chance. Des scènes émouvantes la mettant en scène perdent de leur intensité en quelques secondes en raison de répliques un peu clichés ou d'une fin abrupte. Quant à Anne-Marie Duff (Julia, la mère de John), elle séduit par son abandon total à la vie et sa sensibilité à fleur de peau. On se questionne sur la teneur de l'amour qu'elle porte pour son fils: filial ou... érotique?
À voir, malgré une réalisation un peu conventionnelle qui n'enlève rien au rythme soutenu du film et à la grande qualité de ses comédiens.
Incendies le brûlot
Je pense que tous ceux qui ont vu Incendies, de Denis Villeneuve, n'en sortent pas indemne. Sélectionné par le Canada pour représenter notre pays dans la course à l'Oscar du meilleur film étranger, le 4e film -et 3e représentant aux Oscars de l'ex-gagnant de la Course Europe-Asie de Radio-Canada- a profondément ému les Québécois. À preuve, les 1,4 millions amassés au box-office québécois à ce jour.
On a tout dit sur le film:
- qualité de la réalisation et du scénario
- Villeneuve le scénariste possède autant de talent que Villeneuve le "metteur en images"
- qualité -extrême- du jeu, notamment de Lubna Azabal, sortie d'on ne sait où, inoubliable dans son personnage de la "femme qui chante"
- qualité de la photographie du fidèle complice de Villeneuve, André Turpin
- beauté de la musique.
Je ne vous ai malheureusement pas parlé dans ce blogue des 3 chefs-d'oeuvre théâtraux de Mouawad vus le 12 juin dernier au Grand théâtre de Québec. Réunies sous le dénominateur commun du Sang des promesses, la trilogie de Mouawad a tenue en haleine une foule particulièrement jeune durant 12 heures.
- La poésie de Littoral
- j'ai failli pleurer lors de la scène finale alors que le corps d'un père souhaitant se faire enterrer dans son pays natal, qu'on devine être le Liban de Mouawad, est lancé à la mer par son fils, soutenu par le poids des bottins téléphoniques comprenant tous les noms des victimes de la guerre: ce père qui était gardien de troupeau devient gardien de la mémoire, celle des femmes et des hommes assassinés par la guerre: j'en éprouve encore des frissons juste à l'écrire...
- L'histoire passionnante de Forêts, qui revisite toutes les tragédies et guerres de l'Occident depuis la 2e moitié du 19e siècle -guerre franco-prussienne de 1870, guerres mondiales, Polytechnique-, à travers une lignée de femmes frappées par leurs propres tragédies
- Et la claque au visage qu'est Incendies, un appel à la fin de la violence par des hommes ou des femmes qui sauront résister aux sirènes de la vengeance.
On s'en doute, cette pièce, inspirée de la guerre civile libanaise et des massacres de réfugiés palestiniens au début des années 80, conserve son caractère actuel dans un contexte où nul ne semble prêt à faire de compromis pour mettre un terme au conflit israëlo-palestinien. Celui-ci empoisonne la vie de milliers de Palestiniens confinés dans un minuscule bout de terre tout en suscitant anxiété et crainte chez des Israéliens mieux nantis, mais victimes de gestes de désespérance.
Villeneuve, donc, a conservé la "substantifique moelle" d'Incendies, l'appel à la non-violence et au souvenir lancé par Mouawad, la "bonne histoire" aussi de la pièce -car Mouawad est un conteur remarquable, parfois un peu trop littéraire et verbeux, mais un génie de l'histoire. Il l'épure de certains éléments ou de situations qui auraient mal passé au cinéma.
Le personne du notaire Lebel, qui détend la salle par ses lapsus incohérents dans la pièce, est devenu beaucoup plus sérieux au cinéma sous les traits de Rémi Girard. Avoir conservé les traits d'humour du personnage créé par Mouawad aurait créé des ruptures de ton plus évidentes au cinéma : assiste-t-on à un drame ou à une comédie noire? Au théâtre, ces détentes étaient justifiées.
Il faut voir Incendies, donc, mais aussi lire la pièce de Mouawad. C'est pour assister à sa prochaine création que je me suis abonné au Théâtre du Trident cette année, malgré mes réserves de l'année 2008-2009.
Un Dom Juan sans charisme
Ces réserves ont d'ailleurs été confirmées lors de la première pièce de la saison de la compagnie québécoise, qui célèbre ses 40 ans cette année. Dom Juan, de Molière, m'a beaucoup ennuyé. La faute de la pièce, beaucoup moins "punchée" que le Malade imaginaire, par exemple, à son metteur en scène, dont on ne comprend pas la démarche -à quoi servent ces personnages de la vie de Dom Juan qu'on voit constamment défiler sur scène comme des fantômes en transportant des chaises??- et au comédien pourtant excellent habituellement Hugues Frenette, qui doit livrer des pages et des pages de texte et qui offre un rendu un peu machinal.
Je l'avoue, je me suis endormi.
J'espère garder les yeux ouverts lors de La face cachée de la lune, de Robert Lepage avec Yves Jacques, que je voulais revoir une 2e fois, d'une création mystère de Wadji Mouawad, et de l'Opéra de Quat'Sous mis en scène par Martin Genest, l'extraordinaire créateur et spécialiste des marionnettes.
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