mercredi 15 octobre 2008

Deux fois la même histoire


Deux films explorant le même thème à quelques semaines ou mois d'intervalles, c'est du déjà vu. Mais deux oeuvres écrites par un frère et une soeur racontant la même histoire à travers deux points de vue lancées à un peu moins de 5 mois d'intervalle... plutôt rare. Et ça se passe au Québec, en plus!

Dans C'est pas moi je le jure!, sorti à la fin septembre 2008 au Québec, le réalisateur Philippe Falardeau s'approprie deux romans autobiographiques de Bruno Hébert... frère d'Isabelle Hébert, scénariste de Maman est chez le coiffeur, long métrage de Léa Pool que les cinéphiles québécois ont pu apprécier en mai dernier. Dans ces 2 oeuvres, le frère et la soeur se souviennent avec émotions et un brin d'humour du tragique départ de leur mère, partie refaire sa vie en Europe au cours d'un été des années 1960. Le personnage de Léon Doré, dans C'est pas moi je le jure, comme la Alice de Maman est chez le coiffeur devront apprendre à vivre avec leur tristesse, profonde, beaucoup d'incompréhension, et le sentiment d'avoir été sacrifié sur l'autel d'une vie meilleure.

Moins d'effets... moins d'émotions

Philippe Falardeau a abordé son scénario avec beaucoup moins d'effets que Léa Pool:
  • reconstitution plus approximative et moins soignée de la décennie 1960
  • nombre réduit de personnages - dans Maman..., les enfants étaient nombreux et tous avaient un problème, à croire qu'on avait planté dans la même ville tous les sans amours du Québec de moins de 15 ans
  • décor plus pesant et moins bucolique
  • musique planante sans référence. 
L'histoire y apparait davantage authentique, quoique plus dramatique, aucun plan ne semble "mis en scène" -Pool avait tendance à construire certaines scènes, leur enlevant beaucoup de réalisme-, Antoine L'Écuyer, le comédien incarnant Léon, signe un sans faute et trace la voie d'une carrière prometteuse. Et pourtant...

C'est pas moi je le jure m'a moins touché que son film jumeau. J'étais sorti de la projection de Maman est chez le coiffeur presque aussi renversé que les enfants abandonnés! Profondeur de jeu de Marianne Fortier? Émotion d'effets, provoquée par un appui de la musique aux situations? Film mieux ramassé et sans longueur? Je ne sais pas. Le troisième film de Falardeau tarde un peu à décoller, offre en Léon un personnage complexe et autodestructeur loin de notre réalité. Son histoire d'amour avec Léa séduit et émeut mais... ne bouleverse pas. Et on ne sait trop ce qui arrive au jeune homme à la fin du film.

Falardeau voyait en C'est pas moi je le jure! son film le plus commercial, grand public. J'ai néanmoins préféré ses oeuvres précédentes, La moitié gauche du frigo et Congorama.


Un film qui se déguste comme un bon vin

Le plus récent film du réalisateur Woody Allen, Vicky, Christina, Barcelona, se déguste avec appétit comme un bon vin à la lueur d'une chandelle. Plus efficace que bien des campagnes touristiques, il va jusqu'à convaincre l'heureux buveur de s'envoler siffler toute sa bouteille sur l'une des terrasses de la ville de Gaudi... question d'y tenter à son tour le destin et d'y trouver le compagnon idéal pour "a creazy week-end in Oviedo"!

Allen répète  avec Vicky, Christina... ce qu'il avait réussi avec l'un de ses films précédents, Match Point, filmé à Londres : donner de l'âme à une ville à travers une histoire qui se tient sans être inédite ou exceptionnelle, miser sur des comédiens attachants et convaincus (Scarlett Johansson, Rebecca Hall, Javier Bardem et Penélope Cruz) jouant avec bonheur la naïveté, la séduction, la névrose ou l'amoureuse souffrance, tout en semant ici et là quelques pistes de réflexion: renoncer à une vie déjà toute tracée d'avance par une série de principes pour "écouter son coeur" constitue-t-il un acte de foi ou un pied de nez à la facilité? peut-on s'écarter de la recherche d'un amour simple par un désir d'être différent,  de ne pas s'abandonner aux clichés?

Vous ne vous casserez certainement pas la tête au visionnement des aventures des américaines Vicky et Christina, heureuses victimes d'un séducteur lors d'un été de bamboche et d'études à Barcelone. Vous y apprivoiserez plutôt avec bonheur quelques personnages sensuels de l'oeuvre: l'art, la guitare, la chaleur des soirées d'été... sans oublier la capitale catalane!

Barcelone : un personnage

Car Barcelone ne se contente pas d'incarner le décor d'histoires d'amour sans lendemain dans cette comédie romantique: elle EST l'un des personnages du film. Vicky, Christina, le peintre séducteur Juan Antonio et l'hystérique artiste Maria Helena m'ont presque convaincu de renoncer à la Turquie pour explorer le pays du flamenco. Comme L'Auberge espagnole de Cédric Klapisch, tiens. 

Pourquoi Barcelone? Parce qu'on peut s'y baigner dans la Méditerranée et se gaver d'oeuvres architecturales fortes au cours de la même journée, démabuler dans les rues jusqu'à minuit au son de la musique, y faire la fête comme aller au musée. Sans doute comme dans bien des villes du monde... mais il en faut bien une qui fasse davantage battre notre coeur!

Dormir dans un cercueil

Parlant de voyage, jetez un oeil sur ce texte du journaliste de La Presse Philippe Mercure, qui a expérimenté les hôtels capsules japonais, minuscules dortoirs urbains qu'envahissent les hommes qui manquent leur train au terme de soirées de travail... ou de beuverie. Une initiative propre à la société japonaise, qui trouverait difficilement des clients en terre d'Amérique. En tout cas, je l'espère...




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