dimanche 2 mai 2010

Serge et Alice


Semaine toute culturelle qui s'achève, marquée par le dévoilement de la programmation du 42e Festival d'été de Québec, par une adorable rencontre avec des marionnettes toniques et grivoises et celle un peu moins réussie avec des personnages en 3 dimensions victimes d'avoir été conçus après ceux d'Avatar...

Retour sur Cabaret Gainsbourg, pièce musicale éclatée présentée au Théâtre Périscope ces dernières semaines, et sur le film Alice au pays des merveilles de Tim Burton.

Serge réincarné

Pour rendre hommage au père de Charlotte, le metteur en scène Martin Genest et son complice, le marionnettiste Pierre Robitaille, ont concocté un spectacle mémorable en hommage au grand parolier de la chanson française. Hôte du Théâtre Périscope du 14 avril au 1er mai derniers, ce spectacle de "musique et marionnettes" n'a pas fait mentir la réputation du Théâtre Pupulus Mordicus, qu'animent depuis plus de 10 ans Genest et Robitaille : celle d'une compagnie alliant avec bonheur, frivolité et beaucoup d'audace l'art de la marionnette et une créativité débridée.

Quelle forme a pris ce Cabaret Gainsbourg? Celle d'une série de numéros interprétés, joués et dansés sur scène par le "manipulateur" Robitaille, 4 chanteurs et musiciens de grand talent et une chanteuse/danseuse/comédienne. Le tout dans une salle de théâtre transformée en véritable cabaret, avec petites lampes rougeoyantes sur les tables et "spots" maquillés en luminaires.

Sensualité et émotions

Je ne connaissais pas la musique période jazz de Gaisnbourg, que met en valeur le spectacle de Genest et Robitaille, et celui-ci ne m'y aura pas nécessairement converti. Quoique Gainsbourg possède une plume sensuelle bien tournée et un sens de la formule et du jeu de mots.

J'ai plutôt craqué pour la mise en scène des 17 courts numéros du spectacle, tonifiés par l'apparition de marionnettes de toute apparence, dont Lucien Gainsburg lui-même.

Deux perles:

  • L'interprétation yéyé de 69 année érotique dont le pont musical laissait place à l'apparition, tant dans la salle que sur scène, de marionnettes-poissons colorées et semblant nager dans l'air ambiant: magnifique.
  • Le clou de la soirée -que je chante sans cesse depuis 2 jours : la chanson Les sucettes servie dans un décor de champignons magiques par une chaperonne rouge marionnette à la fois candide et délurée, entourée de comparses fleuries plutôt bien membrés!
« Annie aime les sucettes, les sucettes à l'anis. Les sucettes à l'anis d'Annie, donnent à ses baisers un goût ani-sé... »
Des trouvailles de mise en scène
Tout le spectacle est ponctué de trouvailles de mise en scène :
  • jeux de miroirs
  • peinture sur disque vinyle projetée sur scène grâce à un dispositif de caméras
  • titres des pièces interprétées annoncées sur grand écran dans une calligraphie soignée
  • faux micros vintage
Sens de l'accessoire, sens du costume, bref, talent de metteur en scène ici!

Soulignons enfin les harmonies vocales des 4 musiciens-chanteurs finement travaillées... et la performance hallucinante de Valérie Laroche, danseuse solide, chanteuse émouvante, marionnettiste pas mal du tout et... interprète des sucettes d'Annie que je n'oublierai pas de sitôt!

Une Alice bien simpliste

J'aurais aimé m'émerveiller tout autant du film Alice au pays des merveilles de Tim Burton, offert en 3 dimensions dans plusieurs cinémas. J'avoue, j'ai dormi un brin durant la projection... mais mauvais signe, je n'ai rien raté de l'histoire de l'héroïne de Lewis Carroll, de retour au pays du chapelier fou, de la reine de coeur et du lapin horloger pour fuir une mésaventure de la vie que lui impose sa famille...

Le défaut de ce film visuellement soigné? Une histoire extrêmement -voire trop- simpliste, ponctuée de noms de personnages et d'objets imprononçables et un peu ridicules -le parmieux jour qu'on attend tout le film par exemple-, que ne sauvent pas de l'ennui des prestations de comédiens plutôt froides, des personnages auxquels on s'attache guère -malgré la qualité de jeu de Mia Wasikowska qui personnifie Alice- et une 3 D qui a le défaut de se pointer après celle, spectaculaire, imaginée par James Cameron dans Avatar.

Un film qui donne tout de même envie de lire les romans de Caroll.

Un Festival sans artistes québécois?

Je me suis emballé moi aussi lors du dévoilement de la programmation du Festival d'été de Québec, ce mardi : The Arcade Fire sur les Plaines, ça vaut amplement le 44$ du laissez-passer en pré-vente. Et je ne bouderai pas mon plaisir en hurlant I gotta feeling sur les Plaines en compagnie de Black Eyed Peas, auteur de la pièce qu'a notamment contribué à faire connaître le fameux lip-dub des étudiants de l'Université du Québec à Montréal.

Mais à part Gilles Vigneault et ses duos, Maxime Landry-ouin...- et des artisans du spectacle Les Chansons d'Abord, peu de musique québécoise ou francophone sur les scènes du festival 2010. Où sont les Yann Perreault, Dumas, Beast, Ariane Moffat, Fred Fortin, Tricot Machine et autres artistiques québécois dans la programmation de l'événement musical de l'été à Québec? A-t-on oublié d'inviter les chanteurs et groupes de France? Le Festival se heurte-t-il au changement de dates des Francofolies de Montréal tant appréhendé?

D'autres annonces restent à faire, paraît-il. En espérant qu'elles seront québécoises et francophones.

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