Superproduction brillante et audacieuse d'un réalisateur qui l'est tout autant, Christopher Nolan, ce film à voir en français pour n'en rien manquer mérite tous les compliments qu'on lui a adressés. L'homme derrière les récits magistraux de Memento et The Prestige, le sauveur de la franchise Batman, nous entraîne encore une fois dans une aventure haletante filmée avec brio. Sa destination cette fois: un univers aussi romantique que sans pitié, le subconscient humain.
L'extracteur de secrets
Cobb (Leonard DiCaprio, qui a le don de choisir ses rôles depuis quelques années) est un homme blessé. Privé de la femme qu'il aime, dans l'impossibilité -on comprendra pourquoi plus tard- de revoir ses enfants, cet architecte du subconscient écume le monde pour vendre ses talents à des multinationales peu commodes. Celles-ci l'emploient pour pratiquer de l'espionnage industriel à l'aide d'une arme peu banale, le rêve. De l'extraction d'idées au royaume des pensées les plus intimes de l'homme, quoi!
Au terme d'une mission qui tourne mal, survient une occasion inespérée pour « l'extracteur », celle de rentrer à la maison sans encombre pour retrouver les siens. Seule condition: réaliser la mission inédite que lui confie un puissant magnat de l'énergie: pratiquer ce qu'on appelle une inception, l'insertion plutôt que l'extraction d'une idée, dans l'esprit cette fois de l'héritier d'une compagnie concurrente.
Une équipe de surdoués
Commence alors pour Cobb la tâche délicate de recruter les membres de son équipe, car pénétrer l'inconscient exige la mise en commun de talents en tout genre!
- Un faussaire plutôt comédien pour créer le scénario qui conduira l'héritier à renoncer à son empire
- Une architecte pour concevoir le décor des rêves et le labyrinthe pour en sortir
- Un chimiste pour concocter le sédatif qui endormira suffisamment tous les participants à la mission
- Un « endormeur » spécialiste de l'apesanteur à ses heures
Voilà pour le côté Mission: Impossible du film, captivants préparatifs qui happent le spectateur dès leurs premières scènes. Du rythme, du rythme et encore du rythme, et encore plus de rebondissements lorsque l'équipe entreprend d'exécuter le plan imaginé dans les moindres détails pour convaincre l'héritier de demanteler l'empire de son père en le faisant naviguer au coeur de 3 niveaux de rêve. Ce n'est pas tout de rêver, il faut aussi se réveiller, et c'est dans ce simple défi que repose le succès du plan...
Invraisemblances sans conséquence...
Avertissement: Inception est truffé d'invraisemblances. Quoique imaginatif et soigneusement ficelé, le scénario ne tient pas la route à plusieurs endroits... quand on s'y attarde et comporte plusieurs questions sans réponse. Comment tous les rêveurs en viennent-ils à plonger dans un seul univers, celui du dormeur qu'on veut piéger, par? On passe rapidement sur plusieurs détails, quoique certains se révèlent d'une importance primordiale... Mais on s'amuse, on frissonne, on s'interroge, on passe un excellent moment, quoi, en compagnie de cette équipe du tonnerre du subconscient si on accepte les prémisses de départ.
Origine n'est peut-être pas un film d'acteurs, mais il s'appuie néanmoins sur une solide équipe de comédiens, à commencer par Leonard di Caprio, à la fois imposant et vulnérable, et Marion Cotillard (son epouse), jouant une femme dont la vie a à la fois été magnifiée et ruinée par son passage conscient dans l'univers du rêve. Tourné dans 6 pays, Inception épate évidemment par le caractère grandiose de ses images -la ville de Paris roulée en tartine par la seule volonté d'une architecte surdouée!-, ses artifices visuels, la beauté de sa photographie.
Pas si complexe qu'on le dit, Inception ne renie pas ses influences. En plus d'évoquer Mission: impossible, il présente une évidente parenté avec The Matrix par son questionnement sur la réalite du monde qui nous entoure et comprend des scènes de poursuite hivernales inspirées de séquences de films de James Bond.
Assurément en nomination aux Oscars du meilleur film, Inception se range dans la catégorie des films à voir absolument. Un soir où vous êtes en forme, cependant... ou soutenu par 3 espressos!
2 commentaires:
Je suis tout à fait d'accord avec l'ensemble de ce papier (la plus grande invraisemblance à mon avis et le principe même d'apesanteur vécue par les rêveurs qui occasionne pourtant une superbe scène de fight) que j'ai pourtant presque arrêté de lire dès le début. Comment peut on, en effet, recommander "à voir en français pour n'en rien manquer" ? Voir un film doublé est la plus parfaite hérésie en matière de cinéma !
Je suis d'accord avec vous concernant les films doublés. Dommage qu'à Québec, les films en version originale, anglaise ou autre, soient si rares. Cependant, voir Origines en anglais dans mon cas ne m'aurait pas permis d'apprécier autant la complexité du scénario de ce film que j'ai adoré: mon anglais imparfait m'en aurait "fait perdre des bouts"!
Merci de votre commentaire.
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