Jardins éphémères de l’Espace 400e, Potager des visionnaires (photo) du Musée de la civilisation : N et moi sommes allés à la rencontre des deux principaux jardins du 400e vendredi soir dernier, espaces artistiques se mariant à merveille aux lieux dans lesquels ils prennent vie - temporairement, hélas!-, révélant leurs charmes de jour comme de nuit.
En fait, dans le cas du Potager, création du metteur en scène Franco Dragone, il doit éblouir davantage dans la noirceur que sous le soleil, puisque mis en lumière –et en couleurs- de façon fort avantageuse.
Jardins sensoriels
Deuxième visite à l’Espace du 400e ce vendredi, donc, pour admirer un concept s’inspirant du Festival des jardins des Jardins de Métis de ma région d’origine. La Société du 400e a confié à l’architecte Pierre Thibault le soin de coordonner ce projet d’aménagement vert situé à proximité des quais du Vieux port, à quelques pas du site officiel des festivités.
Si, comme dans plusieurs expositions d’art contemporain, les textes décrivant les créations paysagères sont parfois un peu ronflants –je ne me donne sans doute pas la peine de les décoder adéquatement- ou imprégnés d’une réflexion sur une démarche que le visiteur perçoit difficilement, sur le sol, le résultat est attirant! Ces quelques jardins aux airs insolites s’étalant sous nos yeux donnent envie de les parcourir, de les toucher, d’en fouiller le moindre recoin.
Ces 11 jardins éphémères créés par des artistes de Québec, du Canada, des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni offrent des propositions artistiques extrêmement variées. Ils sont à la fois :
- témoins de l’histoire de la ville de Québec et de la présence autochtone
- lieu d’expérimentation sensorielle : un jardin tapissé d’écorces de chocolat invite les enfants que nous sommes encore à sautiller sur des trampolines tendues sur le sol ou à nous asseoir pour mieux bondir sur des ballons d’exercice, tandis qu’un autre convie le visiteur à actionner une manivelle reliée à de multiples engrenages qui, au cours de l’été, feront avancer une « charrue-semoir » à l’intérieur d’une « fraction de territoire »
- expérience horticole engagée : des cubes lumineux symbolisant le développement anarchique des bidonvilles ou des favelas à l’extérieur des villes jaillissent d’un jardin pour évoquer, peut-être, le chaos qu’engendre la pauvreté qu’on laisse s’épancher dans nos métropoles
- ou tout simplement agréable lieu de divertissement familial, soigneusement relevé ce soir-là par le soleil déclinant entre les mats des voiliers.
Amuseurs de rue insolites
Un étrange trio –un guitariste et deux chanteuses- vêtus à la mode des années 20 et interprétant des chansons d’époque de leurs jolies voix parfaitement harmonisées… ponctuées de gloussements de poules, une promeneuse aux vêtements clownesques juchées sur une échasse camouflée par de longues jambes et promenant un étrange carrosse, une équipe de nettoyage aux fesses et poitrines protubérantes, voilà autant de personnages rocambolesques susceptibles de déambuler à vos côtés sur les ponts et les quais de l’Espace 400e. Cette animation de rue rend la visite encore plus divertissante!
Outre la Grande place, le lieu de rencontre compte également un bistro offrant une vue imprenable sur le très attendu Moulin à images de Robert Lepage –ça commence vendredi!- et une plateforme marine, Le Club, aménagée par le trio d’artistes contemporains de Québec BGL –les artistes derrière le design de la pochette de l’album La forêt des mal-aimés de Pierre Lapointe-, centre de mise en forme particulier dans lequel pédaler sur des vélos stationnaires actionne des fontaines aménagées à même des pyramides de flûtes de champagne ou de bouteilles de vin! Une joyeuse expérience ludique.
Trop de bruit pour les Zapartistes…
J’étais conquis par l'Espace… avant d’assister ce samedi à mon deuxième spectacle gratuit dans la Grande place, celui des Zapartistes. Un spectacle particulièrement sarcastique en perspective, bonifié en plus de gags bien sentis sur les hauts et les bas des fêtes du 400e et la controverse entourant la visite française de Michaëlle Jean –imitée de façon très juste par une membre du quatuor-, malheureusement rendu fort déplaisant par la présence, sur la mezzanine de la salle de spectacles -est-ce cela le fameux Salon Feuille d’érable Air Canada???-, d’un groupe célébrant des retrouvailles.
Drôle idée de la Société du 400e d’admettre dans une salle de spectacles des groupes dont la seule préoccupation, on le devine, est de faire la fête, de rattraper le temps perdu ou de se raconter les anecdotes du bal des finissants ou du cours de géo, alors qu’au parterre, des gens se sont déplacés pour entendre un spectacle aux textes fins et travaillés nécessitant un silence quasi parfait. J’ai cru un instant que la soirée allait dégénérer en foire d’empoigne tant les esprits s’échauffaient au parterre, certains allant jusqu’à pousser les « vos gueules » d’usage à l’endroit du groupe « sur le party » ne se doutant pas une minute qu’on les invectivait ainsi! Gênant pour les Zapartistes que tout ce brouhaha devait complètement déconcentrer…
Montréal nous gâte
Déconcentrés par le bruit ambiant, GB, CD, N et moi n’avons pas tenu le coup. Nous sommes plutôt allés à la rencontre –par hasard!- du cadeau du 400e de la ville de Montréal, succession de chaises en inox soigneusement installées dans une allée menant à la Gare du Palais et sur lesquelles s’alignent des vers de poètes québécois francophones, anglophones et innus. Voyageurs, quoi de mieux que la poésie pour faire oublier la présence à vos côtés dans le train ou l’autobus d’un passager ayant profité d’une oreille qu’il supposait attentive pour vous raconter les méandres de son existence.
Un potager multimédia
À quelques minutes de l’Espace 400e, dans une zone qui m’a semblé beaucoup plus achalandée, poussent les fleurs et les légumes du Potager des visionnaires, œuvre et jardin suspendus se déployant sur la terrasse du Musée de la civilisation, offrant une vue magnifique en contre-plongée sur un Château Frontenac qu’on ne se lasse pas d’admirer. Plusieurs surprises dans ce jardin baigné de lumière, dont le changement tout en nuance des couleurs des éclairages, quelques chaises longues de bois plus qu’accueillantes sur l’une des terrasses, au pied d’une fontaine, et un puits se transformant en site de projection multimédia dans laquelle des enfants partagent leurs rêves et leurs espoirs. « Je voudrais être palefrenier », se confie l’un d’eux, qui participe sans doute à des parties de Donjons et dragons grandeur nature!
J’ai hâte de visiter le potager de jour afin de mesurer toute la finesse de l’aménagement et de me laisser rôtir au soleil sur une chaise longue –oublions ça, elles seront sans doute bondées…-, mais de nuit, ce potager est un spectacle en soi.
Des as de la papillote!
Devinez quoi? Nous sommes devenus en quatre jours des as du barbecue, initiés à la délicieuse papillote de légumes par une CD bien au fait des subtilités de l’art de la cuisson sur gril! Je raffole déjà de ces papillotes d’aluminium, véritable fourre-tout de légumes de saison ou non, oignons caramélisés, asperges du Québec particulièrement savoureuses, poivrons vert, rouge et jaune, pour l’expérience des sens, ail pour le goût… vivement des champignons, des zuchinis et des haricots dans cette boulette maraîchère! En attendant, on se bourre de steaks et de saumon.
L’été est définitivement arrivé…
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