20 jours de silence, je suis gêné, honteux... Je tente ce soir de reprendre le contact avec vous, en espérant que vous ne m'aurez pas abandonné durant cette pause inacceptable.
Êtes-vous de ceux qui sont allés applaudir Le dragon bleu, la plus récente pièce de théâtre de Robert Lepage et de la comédienne Marie Michaud, mise en scène par Lepage lui-même? Sans doute suis-je un des rares, mais ce spectacle extrêmement attendu m'a laissé un peu sur ma faim...
Le dragon bleu raconte l'histoire d'un artiste québécois exilé en Chine -joué par Lepage-, qui tente, justement, de renouer avec son art, après des années d'investissement auprès de ses pairs à Shanghaï. Vivant une relation incertaine avec une jeune artiste chinoise, Pierre est également confronté au retour dans sa vie de son ex, Claire, que l'adoption d'un enfant conduit en Chine.
Moins de portes ouvertes sur l'imaginaire
Je me souviens avec nostalgie de 2 spectacles de Lepage que j'ai eu le bonheur de voir au cours des dernières années : La trilogie des dragons et La face cachée de la lune. Moments inoubiables! Dans ces 2 oeuvres, me semble-t-il, Lepage et son équipe ouvraient davantage de portes sur l'imaginaire, misant sur une mise en scène moins grandiose mais exploitant avec brio tout le potentiel d'accessoires dont la fonction se transformaient au gré des scènes : des patins chaussés par un couple d'amoureux devenaient soudain des armes chaussées par des soldats pour évoquer le potentiel destructeur de la guerre, une planche à repasser se métamorphosait en appareil d'entraînement, une sécheuse incarnait soudain la pleine lune, etc.
Dans Le dragon bleu, Lepage emprunte davantage au cinéma. Il utilise abondamment des technologies novatrices pour créer des images fortes qui ressemblent parfois à des effets spéciaux, mais montre plutôt qu'il ne suggère. La mise en scène, spectaculaire, ne sert pas toujours le propos -le dépassant, parfois-, propos qui manque un peu d'âme...
L'histoire de la plus récente production du créateur québécois est intéressante, mais moins complexe que certains récits auxquels il nous avait habitué, alors que s'entremêlaient parfois dans ceux-ci 2 ou plusieurs pistes, la conquête de la lune et la relation avec sa mère dans La face cachée..., dont on comprenait la relation à la toute fin de la pièce. Enfin, Lepage joue vraiment l'artiste un peu blasé, adoptant un ton monocorde sans beaucoup de nuances qui le suit jusqu'à la fin de la pièce, affectant quelque peu le rythme de celle-ci.
Le dragon bleu constitue néanmoins un spectacle novateur, qui se distingue évidemment, notamment par l'appropriation faite de plusieurs technologies, des pièces auxquelles j'ai assisté cette année. Un peu plus de travail sur le fond aurait permis d'apprécier davantage la forme...