samedi 8 mars 2008

Ces choses qui sont vraies


Chaque semaine, le journaliste indépendant et blogueur Nicolas Langelier frappe dans le mille en décortiquant l’une de ces « dix mille choses qui sont vraies ». Ses cours récits me laissent souvent admiratif, voire jaloux, devant une plume si fine et inspirée. Voilà un journaliste qui sait traduire avec des mots d’une justesse désarmante nos réflexions quotidiennes de consommateurs, d’épicuriens ou de travailleurs pressés.

Des exemples?

Cette dernière chronique m’était particulièrement « rentrée dedans ».

Se souvenant d’abord que, naguère, pour marquer l’entrée dans l’âge adulte, « les aînés de votre communauté, par exemple, vous forçaient à passer trois jours et trois nuits seul dans la savane, disons, ou à marcher nu sur des tisons brûlants », Langelier soutenait que « l’arrivée de l’âge adulte est dorénavant marquée par l’alignement existentiel de trois phénomènes distincts » :

1 "Vous commencez à garder vos reçus aux fins d’impôts": vrai mais que voulez-vous...

2 "Vous mettez de l’argent dans un régime enregistré d’épargne retraite": re-vrai mais il faut bien avoir une pensée pour ses vieux jours...

3 "Vos activités sociales se résument de plus en plus à des soupers et des déjeuners entre amis": oh, ça... ça fait mal!

"Pas des soupers précédant une folle sortie dans un bar, ni des déjeuners avalés au petit matin sans avoir dormi, encore saoul ou les pupilles toujours dilatées. Non, juste un souper, ou juste un déjeuner. Après lequel vous allez vous coucher dans le premier cas, ou faire des courses dans le deuxième."


Dur à avaler, non, ce troisième phénomène? Moi pour qui gagner quelques années était jusqu’à ce jour synonyme de mon toupet qui ne pousse plus et de ma mère qui me le rappelle sans cesse, me suis soudain senti vieillir… pour vrai.


Cuisiner, mon complexe!

« C’est souvent fastidieux, de devoir manger plusieurs repas par jour », constatait encore avec lucidité Langelier le 22 février dernier. Il lit dans mes pensées.

« Que ce soit pour la préparer, la payer ou tout simplement l’avaler, [la nourriture] monopolise beaucoup de temps et d’énergie que nous pourrions consacrer à autre chose ».


Bien d’accord!

Car si le dimanche entre 16 h 30 et 18 h 30, couper des poivrons jaunes ou parer des côtelettes de porc en écoutant les plus récentes trouvailles musicales du réalisateur André Chouinard à la radio de Radio-Canada, ça relaxe, permet de faire le point sur sa vie, planifier sa journée du lendemain, mijoter quelques idées, en semaine, entre 17 h 30 et 18 h, même transporté à l’autre bout du monde par les reporters à l’étranger du magazine radio Désautels, mitonner des petits plats, ça peut devenir lourd!

Entouré d’amis dont les talents pour la cuisine et ses activités connexes s’apparentent à ceux de Pinard, Di Stasio ou Ricardo, je tends de plus en plus à devenir un cuisinier complexé. Même si je ne reçois plus mes proches avec de la sauce à pâte en sachet ou des «smoke meat» achetés, n’est-ce pas JC, je ne maîtrise pas encore tous les raffinements de la béchamelle, que je confie sans scrupule à N., ou de la saisie de steaks pour une cuisson parfaite médium-saignante.


Une corvée à planifier

J’entretiens un rapport amour-haine avec la cuisine.

J'aime manger, surtout les jours de la semaine, quand le dîner au Mini-Débat de l'hôtel du Parlement est l’occasion de rencontres sociales ou de passionnantes reconstitutions historiques sur l’affaire Dreyfuss ou la conquête de la Grande-Bretagne signées GG.

Mais de deux choses l’une :

  • d’une part, j’aimerais pouvoir, la fin de semaine, me contenter du déjeuner et du souper, sans devoir interrompre une journée de loisirs, de corvées ou de créations par un nécessaire en-cas que je peine à constituer, puisque samedi est aussi le jour du réfrigérateur vide. Le repas comme contretemps dans la détente, donc.


  • d’autre part, cuisiner pour moi est loin d’être un loisir évident, comme le constatent un jour sur deux ces amis ou collègues qui me complexent par leur boîte à lunch si appétissante et variée et ces recettes de cuisine qu’ils concoctent entre deux bains.

Cuisiner s’apparente chez moi à travailler ou à m’entraîner : une activité que je pratique presque uniquement la semaine, savamment planifiée, exigeant de l’énergie -surtout pour la pourtant si simple étape de la liste d’épicerie-, et me laissant tantôt comblé par la découverte de talents insoupçonnés, tantôt découragé par l’absence évidente… de goût.

Je sais qu’un souper préparé la veille m’attend quand je quitte le travail? Ma soirée est faite! Sinon, ma journée sera réfléchie en conséquence : quitter plus tôt le boulot pour consacrer une demi-heure au filet de porc, penser à couper les légumes pour le riz du lendemain, acheter de la crème 35% en revenant du bureau… Moi qui planifie sans cesse au travail enfile encore mes habits de chargé de projet à la maison!

SOS Cuisine

JC, pour qui mettre au four une recette de muffins un samedi matin constitue un plaisir qui se compare à celui de se baigner dans les vagues agitées d’une mer antillaise, nous a suggéré une piste de solution : nous abonner au site SOS Cuisine.


Ce site transmet chaque semaine à ses abonnés recettes et liste d’épicerie permettant de les exécuter, en plus de leur proposer quelques tâches à accomplir à l’avance –le dimanche entre 16 h 30 et 18 h 30 par exemple- afin que leur semaine gustative n’en soit que plus réussie.

Nous l’essayons cette semaine : je vous en reparle.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Après avoir lu ton billet, j'ai ajouté deux favoris dans ma liste... Étant moi-même une quasi-déficiente culinaire, surtout lorsqu'il est question planification et de variété, SOS Cuisine pourrait m'être d'un grand secours. Quant à Nicolas Langelier, j'ai constaté avec plaisir que je n'avais manqué que ses 99 premiers "posts". Ce sera moins long à rattraper !
Johanne