lundi 24 mars 2008

À quand « la dernière »? (ou hommage au ski de fond)



J’ai beau fantasmé sur l’image d’un pichet de sangria, comme je vous le confiais dans un billet précédent, d’une pinte de Griffon extra blonde lentement ingurgitée sur la terrasse du bar Le Sacrilège, des recettes de filet de porc marinés que je vais expérimenter sur notre nouveau barbecue –si je parviens à l’allumer sans exploser- ou tracer sur mes cartes mentales le parcours de mes prochaines sorties à vélo…

je fais encore du ski de fond.

J’arrive même ce soir d’une randonnée de 25 km dans mon centre de ski favori, Sentiers du Moulin, de Lac-Beauport.

Cette expédition devait être ma dernière sortie de la saison. Or, stimulé par la fougue de mes fidèles partenaires CG et GL, machines increvables lorsqu’elles chaussent leurs Karhu ou leurs Rossignol, grandes sœurs attentives veillant sur chacune des pièces de mon équipement, je me surprends à évaluer la possibilité de « fermer » le camp Mercier la fin de semaine prochaine. Encore un peu d’hiver pour un hotdog « steamé ».

En somme, il a beau neigé un jour sur trois depuis le début du mois de mars, je repousse encore ma « dernière ». Je suis définitivement un homme de contradictions… chaque année de plus en plus passionné par le ski de fond.

Pierre Harvey plutôt que Mats Näslund

Je bondis sur les pistes depuis 6, 7 ou 8 ans, initié par mes parents sur le bref, mais vallonné trajet du parc Beauséjour de Rimouski. Alors que les jeunes de mon âge tentaient d’imiter Mats Näslund sur la glace de la patinoire du quartier, je suivais plutôt les traces de Pierre Harvey en apprenant les rudiments du chasse-neige et du pas en ciseaux. Le vertige dans le télésiège et les traumatisantes chutes du T-Bar ont eu raison de ma brève carrière de skieur alpin au primaire, aucune côte à gravir ne m’a jamais découragé du ski de fond.

J’aime ce sport nordique…

Parce qu’il s’agit d’une activité familiale, de plus en plus sœur-frère ou père-fils, ma mère sélectionnant ses journées de ski avec autant de sévérité qu’une adolescente de secondaire 5 magasinant sa robe de bal de finissante (!).

Il m’a d’ailleurs fallu bien longtemps avant de réussir à dépasser mon père en ski, lui qui, propulsé par sa traditionnelle « soute » grise et bleue, maîtrise le pas classique autant que le pas de patin.

Une parenthèse sur la dite soute, offerte par ma mère à mon père à Noël… en échange d’un habit de ski bleu pour maman. Mes parents désormais au diapason dans leurs vêtements de sport hivernaux enrichissaient à l'époque cette tenue athlétique de pointe d’une jolie paire de bas aux genoux aux couleurs de leur soute respective, bas joyeusement mis en valeur par les bottes de ski du temps, les inoubliables marines rayées blanche aux fameuses semelles à trois trous sous les orteils.

Mon élégante mère a bien entendu changé de vêtements depuis… mon père enfile sa « soute » année après année, rare élément de stabilité dans ma vie mouvementée!

J’aime aussi le ski de fond…

puisque depuis que je le pratique, cette activité est synonyme de délicieuses collations!

Des dattes fraîches au gâteau à la cannelle et à la cassonade de GL, en passant par la soupe à l’orge maison de mes parents et les tartines au creton englouties au terme de mes excursions rimouskoises, ou par ces délicieux carrés de chocolat noir ou cubes de fromage cheddar avalés en refuge entre deux essoufflants faux plats, on se gave littéralement pendant ou après une randonnée, au nom d’une guerre à finir contre la vicieuse « carence énergétique ».

J’aime encore le ski de fond parce que…
  • cette activité permet comme pas une de profiter de l’éclatante lumière de l’hiver, si pure à -20°C;
  • je ne m’épuise pas à superposer de la Swix polaire sur de la Toko violet spécial pour concocter le composé chimique qui me fera gagner… 5 minutes sur mes collègues skieurs;
  • j'ai renoncé à cirer mes skis avec un fer à repasser –je déteste le repassage, alors…
  • et parce qu’en refuge, on s’explique les choses essentielles de la vie, telles comment détermine-t-on le jour de Pâques et pourquoi peut-on prédire à quelques minutes près l’arrivée de l’équinoxe de printemps –objet de notre discussion d’aujourd’hui qu'un patrouilleur sans doute scientifique à ses heures à bonifié d'une savante explication... que je n'ai pas tout à fait saisie.

En somme, saviez-vous que le printemps ne se pointe pas à la même heure à Rimouski, Québec ou Montréal? Question d’axe de rotation de la Terre, paraît-il.

Relancé par un prof

J’en profite pour rendre hommage à ce professeur d’éducation physique du Cégep de Rimouski, aujourd’hui l’un des artisans de la relance du défunt club de ski de fond Les Raquetteurs de ma ville natale, devenu le très fréquenté Club Mouski.

Passionné de ce sport, GM parvint à rassembler une quarantaine de post-ados pour un cours de ski de fond intensif à l’hiver 1995. Pas explosion, double poussée, zone de fartage, ça y est, ma technique venait de se raffiner!

Merci mille fois, GM, de m’avoir redonné le goût de ne sortir en ski non plus pour une heure mais pour une journée complète de soleil éblouissant, de mésanges perchées sur les épaules, de ruisseaux qui s’ébrouent entre deux rives glacées, de grandes traversées ponctuées d’épinettes touffues emmitouflées dans leur douillette moelleuse se concluant par un pudding chômeur maison qui vaut toutes les côtes du monde, de panoramas qui s’étirent avec grâce des montagnes des Laurentides jusqu’au fleuve Saint-Laurent, autant de journées d’heureuses rencontres et d'agréables conversations.

J’aime le ski de fond pour tout ça… et parce que j’habite la si belle région de Québec, qui m’offre la chance de m’élancer dans un centre différent presque chaque semaine, tous faciles d’accès grâce au dépliant du Regroupement des stations de ski de fond de la région de Québec.

Pourquoi se contenter d'une patinoire de quartier quand il y a tant de pistes à explorer?

1 commentaire:

Jean-Yves Thériault a dit…

Eh oui, je fais toujours du ski de fond avec le même costume depuis des années. Je suis de ceux qui s'attachent aux choses (et aux personnes) plutôt que de rechercher la nouveauté. En cela, je suis bien différent de ma conjointe. Cela permet sans doute l'accord dans la différence...
À voir les accumulations de neige, je pourrai utiliser encore quelque temps mon costume cette année. Rien ne vaut un bon petit "20 kilomètres" dans les bois pour renouveler l'ai des poumons, et celui du cerveau...
L'an prochain, je reprendrai avec le même costume, pourvu que j'entre dedans!!! L'usure des vêtements, c'est aussi de l'écologie, n'est-ce pas?
JYT