dimanche 20 janvier 2008

Pas du même avis que l’Académie

Je trouve rarement un film vraiment mauvais... Ça m’est pourtant arrivé le 21 décembre dernier avec L’âge des ténèbres, de Denys Arcand.

Remarquez que N. et moi devions être les seuls à ne pas nous régaler, ça riait de bon cœur dans la salle. Je me demande encore pourquoi, d’ailleurs.

Inutile de vous dire que je ne comprends pas la raison pour laquelle le Canada a choisi ce film pour le représenter dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère à la cérémonie des Oscars. C’est sans doute un meilleur choix que Nitro –quoique… -, mais il n’a pas dû se produire grand-chose dans le « Rest of Canada » en 2007 pour en arriver là.

Quelle ne fut donc pas ma surprise, cette semaine, d’apprendre que L’âge des ténèbres avait été sélectionné parmi les neuf derniers prétendants du « Foreign Language Film » par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences. Ou bien c’est la réputation du réalisateur –récipiendaire de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2004 pour Les invasions barbares- qui l’a propulsé au sommet de la compétition, ou bien les membres de l’Académie ont vu quelque chose qui m’a échappé dans ce film sans histoire, ni drame, ni comédie, plutôt caricatural et rempli de clichés.

Vous me direz peut-être, si vous n’avez pas apprécié le film vous non plus, que les autres œuvres en lice pour la prestigieuse catégorie se sont révélées encore plus lamentables que la production d’Arcand. Même pas! Les académiciens ont écarté le représentant de la France, le film Persepolis, un long métrage d’animation original inspiré par une série de quatre bandes dessinées de l’auteure Marjane Satrapi, aussi coréalisatrice du film. Au Festival de Cannes de 2007, le film s’est mérité le Prix du Jury. Mais on ne sait plus trop si on doit se fier aux récompenses…

Une rebelle en tchador

Persepolis possède un avantage de taille sur L'âge des ténèbres : un scénario qui sort des sentiers battus développé de façon efficace et sans longueur.

Dans son film, Satrapi raconte son parcours inédit dans un pays que l’on connaît trop peu, l’Iran. En 1978, le renversement du régime du chah, le chef d’État de l’époque, suscite l’espoir des parents de Marjane… jusqu’à ce que les nouveaux détenteurs du pouvoir imposent une république islamique qui fera basculer dans la délation, la torture et l’oppression le quotidien de milliers d’Iraniens… et d’Iraniennes. Désormais, le voile devient un accessoire obligé. La vie est de plus en plus dure pour la famille de Marjane, enfant devenue adolescente que ses parents exilent en Autriche, terre de liberté où elle se sent pourtant à l’étroit. L’Occident et ses valeurs sont loin de constituer un remède à tous les maux… comme le comprennent depuis 2003 Irakiens et Afghans.

Persepolis est ponctué de moments plutôt comiques - Marjane apprenant l’anatomie dans un cours de dessin… avec une modèle voilée de la tête au pied, ou les scènes de rébellion de l'étudiante qui se défoule au son de la musique interdite d’Iron Maiden ou de Eye of the Tiger, sur laquelle elle fausse allègrement-, mais aussi de scènes plus sombres, conséquences d’arrestations injustes et d’une guerre meurtrière.

Pour Marc Labrèche?

Le plus récent film d’Arcand n’est pas dépouillé de qualités, tout de même. Saluons par exemple la performance solide de Marc Labrèche, qui joue avec une sobriété qui l’honore un texte qui ne le gâte pas, ainsi que le numéro d’ouverture, dans lequel le chanteur Rufus Wainwright enfile les habits d’Aladin pour chanter de l’opérette dans un harem sorti tout droit de l’imaginaire du personnage de Jean-Marc. N'empêche, Arcand a beau vouloir nous montrer que la vie de ce fonctionnaire impuissant devant le malheur des citoyens qui le consultent est misérable, je n’ai pas ressenti pour lui une once d’empathie.

Et puis en tant que travailleur de l’État, j’en ai assez qu’on s’en prenne, comme le fait le réalisateur, à cette masse compacte de flancs-mous-blasés-uniformes-et-sans-pouvoir qu’on appelle les fonctionnaires. D’abord, il n’y a rien de moins uniforme qu’un fonctionnaire, justement, puisque que peu de choses unissent les ingénieurs, secrétaires, avocats, agronomes, biologistes, communicateurs, techniciens en administration, ouvriers, agents de la paix, historiens, sociologues, informaticiens et j’en passe qui composent la fonction publique d’aujourd’hui, sinon le désir de relever des défis au quotidien afin de mieux servir les citoyens du Québec. Loin de s’empoussiérer, cette fonction publique est de plus en plus jeune et elle a du pain sur la planche! Doit-on reprocher à celles et ceux qui la composent d’avoir choisi un milieu qui leur permet de penser un peu à eux et à leur famille et de profiter de vacances et de congés qui leur ouvrent d’autres horizons que ceux de la performance et de la productivité?

3600 longues secondes…

Parlant de Marc Labrèche, impressionnant, je le répète, dans L’âge des ténèbres, qu’avez-vous pensé de sa nouvelle émission 3600 secondes d’extase diffusée pour la première fois samedi soir à Radio-Canada?

Contre toute attente, je me suis ennuyé profondément en regardant cette pâle copie de La fin du monde est à 7 heures, que l’ex-Grand blond animait il y a quelques années à TQS : style un peu similaire, même collaborateurs… mais que de longueurs et de gags tombés à plat. Tellement que je n’ai écouté que le début et la fin de l'émission, alors que Paul Houde a égayé un peu le « show ».

Une première mal ficelée, peut-être…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est toujours difficile une première. Surtout qu'avec Labrèche, la barre est haute, du moins pour ceux qui le suivent depuis un bout de temps (moi ça fait un méchant bout de temps, depuis l'époque qu'ill faisait la grenouille Yolande à l'émission Beau et Chaud à Télé-Québec).

Je ne me suis pas roulé par terre moi non plus, mais j'ai je pense qu'il y a là la même folie que dans ces émissions précédentes. Ça donnera quelque chose de mieux que cette première.

N'oublions pas que La fin du monde est à 7 heures a également connu des débuts laborieux. Tout comme le Grand blond. Labrèche et ses collègues expérimentent, ils tentes des choses, font des erreurs. Mais c'est la meilleure façon d'innover.

On s'en reparle au mois de mars.

Anonyme a dit…

Bonjour Raphaël,

Tout à fait d'accord avec toi. Ce premier épisode de 3600 secondes était très ordinaire. Je m'attends toujours à beaucoup de la part de Labrèche. On va lui donner une chance, qui sait, ce sera peut-être meilleur sous peu! Très bien le blog!!

Anonyme a dit…

J'ai pas vu l'Âge des Ténèbres mais je vais quand même le louer en DVD car je manque rarement un fim québécois, quel qu'il soit.

Persepolis par contre, c'est vraiment un des meilleurs films que j'ai vu depuis longtemps.

Qui aurait dit qu'un jour je m'identifierais à un personnage de petite fille iranienne qui a vécu une guerre et une révolution ? Et pourtant c'est ce que j'ai réussi à faire au travers cette histoire. Elle a un cheminement idéologique qui ressemble grandement au mien, et aussi les mêmes goûts musicaux aux mêmes époques ! C'est juste très dommage que ce n'était pas du Maiden pour vrai...

If you gonna die, die with your boots on ! Me semble que cette chanson aurait cadré dans l'esprit du film.

Pour 3600 secondes, je donne la chance au coureur. Le concept aurait gagné à être peaufiné quelques mois avant d'être en ondes. Me semble qu'ils ont annoncé ça en novembre et dès Janvier c'est parti. Ça sentait l'improvisation à plein nez.

Je suis sûr que ça va se replacer et qu'ils vont trier les mauvais et les bons moments pour miser seulement sur les bons. Moi je laisserais plus de place aux collaborateurs/invités et moins de corde à Marc Labrèche. Il est excellent, mais quand il a trop carte blanche, il cabotine beaucoup trop...