lundi 4 février 2008

Cinq films, quatre semaines, un défi (prise 2)

La course contre la montre est amorcée : pour la première fois de ma jeune existence ou presque, je veux réussir à voir tous les finalistes au titre de l’Oscar du meilleur film avant que l’Académie n’en couronne qu’un seul, le 24 février prochain.

Suivez ce marathon cinématographique amorcé dans le billet de samedi dernier.

Il y aura du sang (Paul Thomas Anderson) : Du pétrole et des hommes

La conquête de nouveaux territoires à exploiter, la soif jamais assouvie de pétrole, l’argent qui aveugle, la foi qui manipule et s’accole au pouvoir : au bout du compte, Il y aura du sang (There Will Be Blood), campé au tournant du 20e siècle dans la rude Californie, décrit ce qu’est devenue la société américaine du nouveau millénaire, du moins à son sommet.

Parions que l’Académie n’a pas décodé ainsi ce western aride, là où derrière la grandeur des horizons se dissimulent la petitesse de l’âme humaine, sa solitude et sa sécheresse de cœur.

Souvent jugés conservateurs, les membres de la noble institution y ont peut-être vu un hommage aux « self-made man » qui, à coup de pelles et de pioches, ont construit les États-Unis d’Amérique. C’est le cas du personnage de Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis), héros de l’histoire, pétrolier ambitieux mais sans moyens qui se hisse au sommet de l’échelle sociale… à coup de haine, de rage, de sacrifices, terrassé par une folie qui le propulse vers ses plus bas instincts.

L’or noir qui corrompt

Le film mérite assurément de se qualifier par la beauté de ses plans immenses, ses jeux d’ombre et de lumière et des scènes fortes, sans parole où tout est dit : je songe ici à ce gros plan sur le visage de Plainview contemplant l’or noir qui jaillit enfin du puits et sur lequel on distingue, malgré la tragédie qui vient de frapper un de ses proches, toute la cupidité qui l'anime.

Mais Il y aura du sang séduit d’abord par la composition magistrale de Daniel Day-Lewis, totalement habité, jusque dans son regard fiévreux, par son personnage tantôt paternaliste à l’excès, tantôt quasi démoniaque, toujours complexe, dont on saisit difficilement les valeurs :
  • aime-t-il ce fils dont il fait son trop jeune associé?
  • l’utilise-t-il pour servir ses desseins?
  • quels motifs l’opposent si farouchement au jeune pasteur de l’Église de la 3e révélation qui croise constamment son chemin?
  • a-t-il un compte à régler avec Dieu?

Il y aura… deux vainqueurs

Doit-on s’attacher à ce personnage ô combien fort mais difficilement aimable? Fascinant, en tout cas, de découvrir son univers, celui de l’exploitation pétrolière à peu de moyens, sinon celui de l’énergie humaine, stimulée par l’espoir de la richesse, compromise par la douleur atroce des travaux de forage où l’homme s’enlise dans la boue et s’effondre sous la pierre.

Y aura-t-il du sang?

Le 24 février, il y aura très certainement deux vainqueurs, l’un dans la catégorie du meilleur film, l’autre dans celle du meilleur acteur.

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