Samedi 29 mars, je vis l'une des expériences gastronomiques les plus originales de ma vie : N. franchit la trentaine, nous goûtons au nirvana sous le ciel du restaurant L'Utopie.
Nouvelle vague culinaire
Depuis quelques années, N. et moi profitons de nos anniversaires pour expérimenter des restaurants... que nous n'avons pas les moyens de nous offrir lors des 363 autres jours du calendrier! Cette année, au tour de L'Utopie, "lieu-dit gastronomique" s'inscrivant parfaitement dans une nouvelle vague d'établissements que nous apprécions énormément.
Leurs caractéristiques?
- ambiance décontractée (et musique souvent lounge ou électronique se mariant à point avec la dégustation des plats);
- audace et innovation sur le plan du design et de la décoration (ces arbres s'élevant en pleine salle à manger pour gagner le plafond dans le cas de L'Utopie);
- personnel généreux de son temps, passionné et extrêmement attentif et pour qui la première visite de clients un peu mal à l'aise sélectionnant la 2e bouteille de vin la moins dispendieuse n'est pas une insulte;
- et bien sûr, cuisine raffinée osant tant du côté des ingrédients, des combinaisons, de la chimie, même, que de la présentation : bref, une mini-révolution culinaire dans l'assiette!
Nous avons au fil des années goûté aux saveurs du Métropolitain, du Largo, du Yuzu, du Versa. À noter que les trois derniers se situent à proximité de l'Utopie, sur les rues du Parvis et Saint-Joseph qui, avec les rues Saint-Pierre et Sault-au-Matelot (Le Toast, Le Panache de l'Auberge Saint-Antoine, nos futures escales), sont en voie de redéfinir la gastronomie à Québec.
Sommelière dégustation
N. et moi consultons le menu. En cinq minutes, nous décidons de plonger : nous tentons l'expérience dégustation!
Huit services proposés sur des assiettes dont la texture autant que l'allure constituent une valeur ajoutée au repas, avec vins harmonisés, savamment annoncés juste avant chacun des plats par un sommellier poète au vocabulaire riche en formes géométriques, en évocations culinaires, en références géographiques. Une quête anime son parcours de maître du fruit de la vigne : la recherche du parfait équilibre dans les accords mets-vins.
Ce voyage vinicole nous conduit hors des sentiers battus de la SAQ, de l'Autriche -dont le peuple raffole tellement de ses vins qu'il n'en reste plus à exporter, apprenons-nous!- à la France en passant par l'Italie, du blanc au rouge au vin sucré, ces divines boissons accompagnant successivement un menu savamment concocté par un chef aussi scientifique qu'inspiré et faisant la part belle aux produits locaux :
- Mise en bouche, sous forme de couteau de mer, apprêté avec purée de petits pois et yogourt de pamplemousses confits!
- Huître crue servie avec gel de concombre à la menthe, tire épongle glacée au jambon serrano, noix épicées, bille de citron vert confit, huile d'argan;
- Cube de macreuse (épaule de boeuf) confite accompagnée d'une sphère de harciots blancs au thym, pommade de tomates confites, balsamique réduit, fleur de sel au piment d'Espelette;
- Ballon de lait aux amandes, dans une cuillère, assorti d'une purée de chou fleur, d'oeufs de saumon, d'une huile de sésame grillé, de basilic, d'amande torréfiée et d'une émulsion de graines de carottes sauvages;
- Esturgeon noir fumé, auquel on a associé une mélasse d'olives noires (!), du pâté de panais a l'anis vert, un lacet de daïkon (radis) et un nuage de thé à la bergamote;
- V9, sorte de petite biscotte dans laquelle chacun des légumes du fameux V8 a été apprêté différemment et auquel on en a ajouté un, le... non, je vous laisse deviner;
- Agneau de Kamouraska -pur délice...- servi avec tube de kadaiff -rouleau d'Afrique du Nord- au curry, crémeuse d'artichauts, coulant de Barre à Boulard -fromage de Saint-Raymond-de-Portneuf-, chanterelles et trait de vinaigrette d'anchois;
- Sur le principe de l'oeuf tourné, un pré-dessert -oui, oui!-, jaune confit au sirop et blanc à l'horchata;
- Balle de chocolat noir, intérieur coulant aux fruits de la passion accompagné d'une glace au miel;
- et quelques mignardises pour conclure... hélas.
Je peux partager ce repas avec vous car on m'a gentiment imprimé le menu, ce dernier -variant régulièrement- n'étant pas disponible dans le site Internet du restaurant.
Je ne saurais trop vous conseiller de profiter d'une fête quelconque -et d'un chèque de retour d'impòt...!- pour tenter à votre tour l'expérience de L'Utopie... ou de l'un de ces restaurants nouvelle vague dans lesquels, sans les serveurs pincés en smoking ou la musique glaciale qui atténue l'élan des conversations, nous passons définitivement de belles soirées à déguster et à discuter.
1 commentaire:
J'abonde dans le même sens, je recommande entièrement l'utopie que moi et J. on a expérimenté il y a plus de deux ans déjà.
C'était une expérience en soi et ça ne ressemble à rien d'autre !
Je vois que le menu a bien changé, ça va nous donner une raison pour y retourner !
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