Pour la première fois de ma jeune existence ou presque, je veux réussir à voir tous les finalistes au titre de l’Oscar du meilleur film avant que l’Académie n’en couronne qu’un seul, le 24 février prochain.
Suivez ce marathon cinématographique amorcé dans les deux précédents billets.
Juno (Jason Reitman) : le choix de la lucidité
Dans son commentaire en réaction au billet Cinq films, quatre semaines, un défi, Seb écrivait qu'il avait apprécié Juno, mais qu'il ne s'agissait pas selon lui "d'un candidat à toute épreuve". N'empêche que, si je partage en partie cet avis, ce film réalisé par un Montréalais se démarque nettement de la masse cinématographique hollywoodienne.
Juno, c'est l'histoire d'une adolescente du même nom, devenue enceinte "par accident" au lendemain d'une aventure avec son meilleur ami. Son désarroi devant cette maternité inattendue s’exprime dans des gestes anodins, pointe au détour de conversations sur la musique ou la bande dessinée, en trame de fond de réflexions parfois naïves, mais toujours ancrées dans le quotidien, loin des grandes considérations théoriques sur l’avortement et l’adoption.
En effet, à l’intérieur de ce récit, peu éclats de voix, pas de grands élans dramatiques, de parents au bord de la crise de nerf, de père absent ou violent. Ce choix de scénarisation a notamment déplu à la chroniqueuse Marie-Claude Lortie, pour qui le film banalise des problématiques qui auraient gagné à être approfondies.
Là n'est pas le propos de Juno, qui souhaite raconter avant de provoquer, qui choisit d'aborder le sujet de la maternité chez les jeunes par le destin intime d'un personnage, plongé au coeur d'une histoire lucide, sensible et pétillante, à l’image de l'attachante Juno, brillamment interprétée par la canadienne Ellen Page. Celle-ci est d'ailleurs en nomination pour l’Oscar de la meilleure actrice.
En campant avec aplomb un personnage dont l'adolescence n'a pas effacé toute la candeur, mais que la vie force à la maturité, Page crève l'écran. Il faut dire qu'elle est bien servie par le scénario de Diablo Cody et ses répliques teintées d’un humour contagieux, qui laisse tout de même deviner une tristesse dissimulée à laquelle la douceur et le dépouillement du folk font écho.
La musique comme un personnage
J’aime les films dans lesquels la musique prend la forme d’un personnage. Dans Il y aura du sang, elle accentuait les désordres de l’esprit du héros sous la forme de cordes parfois discordantes et grinçantes, animales presque, de percussions angoissées, d'une partition de piano à double sens.
Juno fait plutôt la part belle à la chanson folk dépouillée. À l’intérieur du petit monde de cette adolescente délurée, cette musique que j’ai redécouverte s’inscrit dans le même esprit de sobriété que celui du film, avec ses paroles à la poésie toute simple :
"If I was a flower growing wild and free, all I want is you to be my sweet honeybee"
Chansons de printemps délicieuses et réconfortantes.
1 commentaire:
Je suis d'accord avec tout ce que tu dis, mais le film ne m'a pas en soi fait "vibrer" tant que ça.
En fait j'avait un peu l'impression d'écouter un "film d'ados" de qualité.
Je n'ai pas été touché par les personnages.
J'ai vu "No country for old men" cependant, ce sera probablement les deux seuls que j'aurai pu voir avant les Oscars, faute de temps.
J'ai été profondéement déçu. En fait j'ai arrêté de l'écouter après une heure tellement j'était écoeuré de sa violence. C'est un fait très rare dans mon cas !
Je te laisse faire ta propre critique avant d'aller plus loin !
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